Page 137 - Rapport économique 2022 - La Réunion
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les paiements CB sans contact représentent 50,7 % de l’ensemble des paiements par carte CB en 2022 (47,7 % en 2021 et 39,0 % en 2020) selon le GIE Cartes Bancaires (et 59,2 % en excluant les paiements à distance sur les sites internet).
Ces transactions concernent néanmoins des montants plus faibles du fait du plafond limité à 50 euros (30 euros avant avril 2020) de sorte que la part des transactions sans contact est plus faible en montant de transactions. Le montant moyen d’une transaction par CB sans-contact était ainsi de 17,10 euros à La Réunion en 2021. En montant, la part du sans contact est ainsi bien moindre, mais connait une progression tout aussi marquée : de 3,0 % des montants de transactions en 2019, elle atteint 15 % en 2021 (données sur la base des établissements qui nous transmettent l’information).
VERS UN EURO NUMÉRIQUE ?
Dans un contexte de crise sanitaire et sous l’impulsion des innovations technologiques dans la finance, l’usage des espèces est en mutation ; les paiements dématérialisés ainsi que les monnaies virtuelles se multiplient. Afin de répondre aux enjeux posés par ces changements, la Banque centrale européenne (BCE) mène depuis 2020 un projet d’euro numérique.
Le développement de technologies de paiement autour de la blockchain1 vient concurrencer les usages de la monnaie fiduciaire et scripturale. Par ailleurs, la disruption des banques commerciales par les GAFAM2 et de nouveaux actifs de règlement « décentralisés » (crypto-actifs et stablecoins3), remettent en question la souveraineté monétaire partout dans le monde et y compris dans la zone euro. De plus, le lancement de projets de monnaie numérique de banque centrale4 (MNBC) par d’autres banques centrales nationales telles que la Chine, le Japon, le Brésil, la Russie ou encore l’Inde, contribuent à questionner le rôle international de l’euro.
Le souhait de mettre en place un euro numérique s’inscrit dans le cadre d’une forte digitalisation du quotidien, la BCE indique qu’« un euro numérique combinerait l’efficacité d’un instrument de paiement digital et la sécurité d’une monnaie de banque centrale ». Cette monnaie numérique contribuerait aux échanges entre les agents économiques, aussi bien les ménages que les entreprises tout en garantissant le respect de la vie privée des utilisateurs et la sécurité des paiements.
Le projet d’euro numérique permettra d’aller au-delà de la simple monnaie digitale car sa mise en œuvre conduira à une rénovation du système bancaire européen tant à l’échelle des infrastructures de paiements qu’à celle de la réglementation. En effet, la démocratisation des crypto-monnaies et notamment des stablecoins dans un univers décentralisé et non couvert par la régulation financière européenne pousse certains acteurs du marché à s’orienter vers ce nouveau type d’actifs afin de contourner les exigences réglementaires, exposant de fait les consommateurs et les investisseurs à de nombreux risques.
Une phase d’investigation a débuté à l’automne 2021, et se poursuivra jusqu’en 2023 afin de définir les caractéristiques et les modalités de transmission de cet e-euro. A la suite de ces travaux, la BCE arbitrera sur sa mise en place.
Au-delà de la BCE et de son e-euro, ce sont l’ensemble des banques centrales qui doivent désormais faire face au défi de la MNBC. Selon une enquête menée par la Banque des règlements internationaux (BRI) en 2021, 86 % des banques centrales étudient activement le potentiel de ces monnaies et 60 % d’entre elles expérimentent d’ores et déjà les technologies associées.
1 Définition de la Blockchain - ABC de l’économie - Banque de France.
2 Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
3 Définition des crypto-actifs et stablecoins - ABC de l’économie - Banque de France.
4 Définition monnaie digitale de banque centrale - ABC de l’économie - Banque de France.
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