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Le Brésil prend des mesures pour réduire le déficit budgétaire

En pleine crise politique, le nouveau ministre des Finances, Fernando Haddad, a annoncé des mesures pour réduire de moitié le déficit public à court terme et asseoir sa crédibilité. Il doit annoncer une vaste réforme fiscale dans les prochaines semaines.

Le nouveau ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, cherche à gagner la confiance des marchés.
Le nouveau ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, cherche à gagner la confiance des marchés. (REUTERS/Adriano Machado)

Par Thierry Ogier

Publié le 15 janv. 2023 à 16:36Mis à jour le 18 janv. 2023 à 17:10

Baptême du feu. Quatre jours seulement après l'assaut lancé par les partisans de l'ancien président Jair Bolsonaro contre la présidence à Brasília, le nouveau ministre des Finances, Fernando Haddad, est monté au créneau pour prendre l'offensive sur le front économique.

Aux côtés de la ministre du Plan, l'ancienne présidentiable centriste Simone Tebet qui a rejoint le camp Lula entre les deux tours, Fernando Haddad a annoncé un train de mesures destiné à asseoir sa crédibilité.

Grave crise politique

Cette initiative vise également à montrer que le gouvernement est capable de prendre des initiatives sur le front économique en dépit de la grave crise politique et des soupçons qui pèsent sur la responsabilité de l'ancien président Jair Bolsonaro dans les violences du 8 janvier. Ce dernier est désormais visé par une enquête de la Cour suprême , et son ancien ministre de la Justice, Anderson Torres, a été arrêté.

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Objectif, à court terme, des mesures de Fernando Haddad : réduire le déficit budgétaire primaire (avant paiement des taux d'intérêt). Celui-ci devait atteindre 2,3 % du PIB cette année, après les mesures sociales annoncées par le gouvernement Lula pour lutter contre la pauvreté. Son plan propose d'éliminer le déficit, ou, dans une hypothèse plus réaliste, de le ramener à 0,5 % ou 1 % du PIB, selon le gouvernement.

Tailler dans les dépenses

Au menu : suppression de plusieurs exemptions fiscales, notamment celles portant sur les combustibles, durcissement des règles du fisc, et révision de certains contrats pour tailler dans les dépenses.

Il s'agit de mesures ponctuelles et provisoires, mais cette initiative de Fernando Haddad paraît quelque peu rassurante, selon certains économistes. « Il s'agit certainement d'un geste qui va dans la bonne direction, affirme William Jackson, chef économiste pour les pays émergents de Capital Economics, un cabinet de consultants. Cela va certainement permettre de réduire le déficit primaire. »

Certains lui reprochent cependant de ne pas avoir assez taillé dans les dépenses. « Le ministre n'a pas le choix : il doit augmenter les recettes, car le gouvernement auquel il appartient rejette les privatisations, l'extinction de programmes sociaux qui se sont révélés peu efficaces, et l'encadrement de l'augmentation du salaire minimum », affirme Marcos Mendes, chercheur à l'Insper, une école de commerce, qui estime en outre que les estimations présentées par Fernando Haddad sont « excessivement optimistes ».

Peut mieux faire

Ancien ministre de l'Education lors du premier passage de Lula au pouvoir, Fernando Haddad cherche, difficilement, à gagner la confiance des marchés. Mais ces premières initiatives demeurent encore loin des mesures structurelles attendues par certains investisseurs pour traiter en profondeur le problème de la dette. Une dette publique qui pourrait atteindre 81 % du PIB à la fin de l'année (contre 76 % fin 2022), selon les économistes de Citibank.

« Les investisseurs ne seront vraiment rassurés que lorsque le gouvernement Lula aura fixé les directives de sa politique budgétaire pour stabiliser les finances publiques à plus long terme », affirme William Jackson.

Lula a en effet fustigé dès son investiture « la stupidité du plafonnement budgétaire », une règle qui était en vigueur au cours des dernières années. Reste à savoir quel modèle Fernando Haddad va proposer pour la remplacer. Il s'est engagé à le faire au cours du premier semestre. D'ici là, les investisseurs espèrent que l'instabilité politique ne perturbera pas trop l'activité économique.

Thierry Ogier (Correspondant à São Paulo)

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