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Insee Analyses Guyane · Juillet 2022 · n° 59
Insee Analyses Guyane29 % des Guyanais en situation de grande pauvreté en 2018

Marcelle Jeanne-Rose, Antonin Creignou (Insee)

En Guyane, 29 % des habitants vivent en situation de grande pauvreté en 2018, cumulant au moins sept privations matérielles et une forte pauvreté monétaire. Les ménages complexes (ménages comportant plusieurs familles, plusieurs générations) et les familles monoparentales sont particulièrement confrontées à cette pauvreté intense. Les deux tiers des personnes en situation de grande pauvreté sont des étrangers.

Insee Analyses Guyane
No 59
Paru le :Paru le11/07/2022

En Guyane, 53 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1 010 euros par mois, en 2017. En comparaison, ce taux s’élève à 14 % en France métropolitaine. Par ailleurs, la moitié des Guyanais sont en situation de privation matérielle et sociale, soit quatre fois plus qu’en France métropolitaine. Ils subissent au moins cinq privations dans leur vie quotidienne, parmi une liste de treize. Ces restrictions concernent le logement, l’habillement, l’alimentation, les loisirs et d’autres besoins, tels que l’accès à internet à domicile ou la possession d’une voiture. Parmi cette population touchée par la pauvreté, certains Guyanais subissent une pauvreté plus intense et sont en situation de grande pauvreté. Ils cumulent à la fois une forme et au moins sept privations matérielles et sociales. Le cumul de ces deux formes de précarité témoigne de difficultés plus intenses dans la vie quotidienne. Cette publication se concentre uniquement sur les personnes vivant en logement ordinaire, faute de données descriptives sur les autres populations dans l’enquête Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie (sources).

29 % des Guyanais en situation de grande pauvreté en 2018

En Guyane, 29 % de la population est en situation de très grande pauvreté en 2018 (figure 1), soit quatorze fois plus qu’en France métropolitaine (2,1 %). Les Guyanais sont encore plus fréquemment touchés par des situations de grande pauvreté, alors qu’ils sont déjà bien plus souvent concernés par l’une des deux formes de pauvreté, qu’elle soit monétaire ou en condition de vie. En comparaison, en Martinique, la grande pauvreté concerne 10 % de la population, 12 % en Guadeloupe et 14 % à La Réunion. En France, hors Mayotte, la grande pauvreté concerne 2,4 % de la population, dont un quart vit dans les DROM.

Par ailleurs, les Guyanais en situation de grande pauvreté le ressentent fortement sur le plan financier : 90 % d’entre eux jugent leur situation financière difficile, voire ont besoin de s’endetter, pour finir les fins de mois.

Figure 1Part de la population selon la forme de pauvreté, selon le territoire

(en %)
Part de la population selon la forme de pauvreté, selon le territoire ((en %))
Grande pauvreté Privation sévère seule Pauvreté monétaire sévère seule
Guyane 29,12 7,41 23,46
Guadeloupe 11,79 9,77 18,06
Roumanie 10,7 17,7 6,4
Martinique 10,49 9,57 17,29
Bulgarie 9,6 12,7 5,5
France métropolitaine 2,1 4,8 4,6
  • Note de lecture : 29 % des Guyanais sont en situation de grande pauvreté, 7 % subissent au moins sept privations matérielles et sociales sans pauvreté monétaire, 23 % sont en situation de pauvreté monétaire sévère sans subir de privations sévères.
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Figure 1Part de la population selon la forme de pauvreté, selon le territoire

  • Note de lecture : 29 % des Guyanais sont en situation de grande pauvreté, 7 % subissent au moins sept privations matérielles et sociales sans pauvreté monétaire, 23 % sont en situation de pauvreté monétaire sévère sans subir de privations sévères.
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Travailler, une condition nécessaire mais parfois insuffisante face à la grande pauvreté

Les Guyanais en emploi sont relativement protégés de la grande pauvreté. En effet, 8 % des actifs occupés sont en situation de grande pauvreté en Guyane (figure 2). À l’inverse, 43 % des chômeurs subissent cette situation. Le taux élevé de grande pauvreté en Guyane s’explique donc en partie par les caractéristiques du marché du travail. D’une part le taux de chômage est élevé (19 % en 2018). D’autre part, le halo autour du chômage, c’est-à-dire les personnes à la frontière de l’inactivité et du chômage, regroupe 16 % des Guyanais en âge de travailler. Ce halo souligne notamment l’importance du travail informel en Guyane. De plus, entre emploi et chômage, le sous-emploi concerne 9 % des actifs occupés en Guyane en 2018. Ces taux sont inférieurs en France métropolitaine.

Néanmoins, les ouvriers et les employés (en emploi ou non) sont plus souvent en situation de grande pauvreté que les cadres et les professions intermédiaires (14 % des employés et 23 % des ouvriers, figure 3). D’une part, ils vivent plus souvent des périodes de chômage ; 23 % des ouvriers et employés sont au chômage en 2018 contre seulement 3 % des cadres et 11 % des professions intermédiaires. D’autre part, le temps partiel et le fractionnement de l’emploi (alternance de périodes d’emploi et de chômage ou d’inactivité, intérim de courte durée) peuvent conduire à des revenus plus faibles. Contrairement aux Antilles, même quand ils sont en emploi, les ouvriers et employés sont parfois touchés par la grande pauvreté

Par ailleurs, en Guyane, 15 % des retraités et 42 % des inactifs vivent en situation de grande pauvreté. En 2018, 13 000 Guyanais sont retraités (7 % de la population de 15 ans ou plus) et 87 700 personnes sont inactives ; soit 46 % de la population en âge de travailler.

Figure 2Répartition de la population selon la forme de pauvreté et sa situation sur le marché du travail

(en %)
Répartition de la population selon la forme de pauvreté et sa situation sur le marché du travail ((en %))
Grande pauvreté Privation sévère seule Pauvreté monétaire sévère seule Pas de pauvreté sévère
Actifs occupés 7,6 7,88 10,04 74,47
Chômeurs 42,6 9,87 33,44 14,09
Retraités 15,33 6,15 22,78 55,74
Guyane 25,62 8,11 21,9 44,37
  • Note de lecture : 43 % des chômeurs sont en situation de grande pauvreté en Guyane
  • Champ : Ensemble de la population de 15 ans et plus
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Figure 2Répartition de la population selon la forme de pauvreté et sa situation sur le marché du travail

  • Note de lecture : 43 % des chômeurs sont en situation de grande pauvreté en Guyane
  • Champ : Ensemble de la population de 15 ans et plus
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Figure 3Répartition de la population selon la forme de pauvreté et la catégorie socio-professionnelle

(en %)
Répartition de la population selon la forme de pauvreté et la catégorie socio-professionnelle ((en %))
Grande pauvreté Privation sévère seule Pauvreté monétaire sévère seule Pas de pauvreté sévère
Liberaux/cadres 0 1,6 0,51 97,89
Interm/tech 4,47 7,22 4,43 83,88
Employés 14,47 12 15,77 57,76
Ouvriers 22,67 10,79 30,35 36,19
Inactifs 42,03 7,41 28,9 21,65
Guyane 25,62 8,11 21,9 44,37
  • Note de lecture : 23 % des ouvriers sont en situation de grande pauvreté en Guyane
  • Champ : Ensemble de la population de 15 ans et plus
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Figure 3Répartition de la population selon la forme de pauvreté et la catégorie socio-professionnelle

  • Note de lecture : 23 % des ouvriers sont en situation de grande pauvreté en Guyane
  • Champ : Ensemble de la population de 15 ans et plus
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Les étrangers et les ménages complexes particulièrement exposés à la grande pauvreté

Les deux tiers des Guyanais en situation de grande pauvreté sont étrangers. En 2018, 36 % de la population est étrangère en Guyane.

Les ménages dits complexes (ménages comportant plusieurs familles, plusieurs générations, etc.) sont plus touchés par la grande pauvreté : 42 % d’entre eux sont concernés par la grande pauvreté. Ainsi, près de la moitié des personnes en grande pauvreté en Guyane vit dans un ménage complexe. Les Guyanais vivant dans une famille monoparentale sont également parmi les plus touchés par la grande pauvreté : 32 % d’entre eux sont en situation de grande pauvreté (figure 4). En Guyane, 51 300 enfants de moins de 18 ans vivent dans une famille monoparentale, soit la moitié des enfants En revanche, les couples sans enfant et les personnes seules sont relativement épargnés de la grande pauvreté (respectivement 13 % et 14 % sont en situation de grande pauvreté). Par ailleurs, le taux de grande pauvreté est plus élevé pour les moins de 30 ans (34 % contre 24 % des 30-64 ans et 21 % des seniors de plus de 65 ans). En effet, les jeunes sont davantage confrontés au chômage (32 %) et ils sont plus présents dans les emplois précaires.

Figure 4Répartition de la population selon la forme de pauvreté et le type de ménage

(en %)
Répartition de la population selon la forme de pauvreté et le type de ménage ((en %))
Grande pauvreté Privation sévère seule Pauvreté monétaire sévère seule Pas de pauvreté sévère
Couples avec enfant(s) 20,88 9,33 16,2 53,6
Couples sans enfant 12,71 1,89 9,97 75,43
Personne seule 13,92 9,25 21,58 55,25
Monoparentale 32,25 10,45 21,92 35,38
Ménages complexes 42,13 4,46 34,75 18,66
Guyane 29,12 7,41 23,46 40
  • Note de lecture : 14 % des personnes seules sont en situation de grande pauvreté en Guyane
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Figure 4Répartition de la population selon la forme de pauvreté et le type de ménage

  • Note de lecture : 14 % des personnes seules sont en situation de grande pauvreté en Guyane
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Les Guyanais en situation de grande pauvreté sont en difficulté pour répondre à des besoins vitaux

La permet de mieux appréhender les choix de consommation et les difficultés des personnes en situation de grande pauvreté.

Les privations physiologiques regroupent trois privations : le fait de ne pas pouvoir manger un repas protéiné (viande, poisson ou substitut végétal) tous les deux jours ; de ne pouvoir acheter deux bonnes paires de chaussures neuves, ni pouvoir remplacer ses vêtements par des vêtements neufs. Ainsi, 86 % des Guyanais en situation de grande pauvreté subissent au moins une de ces privations physiologiques (figure 5). En particulier, 43 % des Guyanais en situation de grande pauvreté renoncent au repas protéiné tous les deux jours. De fait, en Guyane, les dépenses alimentaires pèsent dans le budget des plus pauvres : pour les 20 % les plus modestes, ces dépenses représentent 21 % du budget en 2017, contre 12 % pour les 20 % les plus aisés. À noter que le niveau des prix de l’alimentaire est 34 % plus élevé en Guyane qu’en France métropolitaine, en 2015.

Les privations dites de sécurité incluent le fait de ne pas posséder une voiture personnelle pour raison financière, ne pas être en mesure de maintenir une température jugée adéquate dans le logement et d’avoir des impayés d’emprunt, de loyer ou de facture. En 2018, 96 % des Guyanais en situation de grande pauvreté subissent au moins une privation de sécurité. En particulier, 68 % des Guyanais en grande pauvreté ont dû faire face aussi à des impayés dans l’année. Les dépenses pré-engagées (liées à des contrats difficilement renégociables à court terme ; par exemple les dépenses liées au logement ou aux communications) pèsent fortement dans le budget des ménages. Elles représentent 35 % du budget en Guyane pour les ménages les plus modestes.

De plus, 64 % des Guyanais en grande pauvreté ne disposent pas d’une voiture pour raison financière. Cette privation est bien plus répandue qu’aux Antilles (seulement 30 % des Guadeloupéens en situation de grande pauvreté et 34 % des Martiniquais en situation de grande pauvreté y renoncent). En effet, si aux Antilles, une voiture est souvent nécessaire pour les déplacements domicile-travail, en Guyane, les deux roues sont fréquemment utilisés et beaucoup de personnes se déplacent à pied. Par ailleurs, 79 % des Guyanais estiment ne pas pouvoir maintenir leur logement à une température agréable.

Figure 5Taux de privations selon la forme de pauvreté

(en %)
Taux de privations selon la forme de pauvreté ((en %))
Grande pauvreté Privation sévère seule Pauvreté monétaire sévère seule Guyane
1020 euros, meubles et vacances 99,71 100 79,39 78,28
Loisirs 99,63 98,38 41,67 54,64
Securite 95,88 89,92 59,78 61,52
Physio 85,88 74,41 14,87 37,1
  • Note de lecture : 86 % des personnes en situation de grande pauvreté ont au moins une privation physiologique en Guyane
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Figure 5Taux de privations selon la forme de pauvreté

  • Note de lecture : 86 % des personnes en situation de grande pauvreté ont au moins une privation physiologique en Guyane
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquête Statistique sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) 2018

Les loisirs payants très peu accessibles pour les personnes en grande pauvreté

Les privations de loisirs englobent l’impossibilité de disposer d’une somme d’argent à soi pouvant être dépensée sans consulter quiconque, ne pas avoir de loisirs payants, ne pas pouvoir inviter des amis ou de la famille à manger une fois par mois et ne pas avoir un accès à internet. En lien avec la « hiérarchie » des besoins, l’accès aux loisirs est moins prioritaire que la satisfaction des besoins physiologiques ou de sécurité. Or, une grande partie des Guyanais en situation de grande pauvreté est déjà confrontée à des privations physiologiques et de sécurité. Ainsi, une immense majorité d’entre eux renonce à au moins une des activités de loisirs. En particulier, 96 % des personnes en situation de grande pauvreté n’ont pas d’argent personnel à dépenser et 94 % ne pratiquent pas de loisirs payants. Aussi, 86 % des Guyanais en situation de grande pauvreté ne peuvent se permettre de se retrouver autour d’un verre ou d’un repas avec de la famille ou des amis au moins une fois par mois. Cette partie de la population en grande pauvreté est donc plus exposée à l’isolement social.

Enfin, l’immense majorité des Guyanais en grande pauvreté est touchée par les privations nécessitant une dépense financière importante ; à savoir disposer d’une réserve financière de environ 1 000 € pour faire face à une dépense imprévue ; le remplacement des meubles hors d’usage et la possibilité de partir une semaine en vacances hors du domicile. Ces privations ne sont toutefois pas caractéristiques de la grande pauvreté ; elles sont largement répandues dans l’ensemble de la population en Guyane (78 % de la population en Guyane).

Autour de la grande pauvreté, 31 % des Guyanais en privation matérielle ou monétaire sévère

Autour de la grande pauvreté, une partie de la population, également défavorisée, souffre d’une des deux formes de pauvreté sévère (matérielle ou monétaire). Ce « halo » autour de la grande pauvreté concerne 31 % des Guyanais.

Le fait de subir des privations matérielles sévères va plus souvent de pair avec une forte pauvreté monétaire. Néanmoins, 7 % des Guyanais qui subissent au moins sept privations disposent d’un niveau de vie supérieur à 50 % du revenu médian (une personne sur vingt au sein de la population en France métropolitaine). Les conditions de vie des personnes qui disent subir des privations matérielles sévères sont similaires à celles des Guyanais en situation de grande pauvreté. En effet, leurs taux de privations sont proches de ceux des personnes en grande pauvreté à l’exception de la voiture et de la température du logement. Ils sont trois fois moins nombreux à renoncer à une voiture pour raison financière (21 % des personnes en privation matérielle sévère seule, contre 64 % des Guyanais en grande pauvreté). Ainsi, une personne en grande pauvreté accédant au marché du travail utiliserait en priorité le revenu supplémentaire pour l’achat d’une voiture. De plus, 49 % des Guyanais en privation matérielle sévère seule déclarent ne pas pouvoir maintenir leur logement à une température agréable contre 79 % des Guyanais en grande pauvreté. Pour les autres privations, les taux de privations sont équivalents voire supérieur aux Guyanais en grande pauvreté. Ainsi, 88 % d’entre eux ne pratiquent pas de loisirs payants pour raison financière, 77 % ne peuvent s’acheter des vêtements neufs et 68 % ont eu des retards de paiement. Par ailleurs, 84 % d’entre eux estiment leur situation financière difficile (90 % des Guyanais en situation de grande pauvreté).

Parmi les personnes en privation matérielle sévère seule la moitié sont en emploi (contre 17 % des personnes en grande pauvreté). Ce sont majoritairement des ouvriers, des artisans ou des employés.

Des personnes très modestes, aidées par des ressources non prises en compte dans le niveau de vie

En Guyane, 23 % de la population vit en privation monétaire sévère sans toutefois souffrir de privations matérielles et sociales sévères (4,6 % en France métropolitaine). Ces personnes subissent en moyenne quatre privations : le fait qu’elles subissent uniquement la pauvreté monétaire est un marqueur fort du travail informel sur le territoire. Par ailleurs, ces Guyanais disposant de faibles revenus peuvent bénéficier de ressources non prises en compte dans la mesure des revenus (résidence principale, aide de proches, autoconsommation…) et subissent moins de privations que les personnes en grande pauvreté. En effet, 53 % des Guyanais en privation monétaire sévère seule sont propriétaires (contre 40 % des personnes en situation de grande pauvreté). Par ailleurs, 24 % des Guyanais en privation monétaire seule pratiquent l’autoconsommation, c’est-à-dire que le ménage produit et consomme des denrées provenant du jardinage, de l’élevage, de la cueillette, de la chasse ou de la pêche.

Ainsi, les taux de privation des Guyanais en pauvreté monétaire seule sont particulièrement faibles en comparaison aux Guyanais en situation de grande pauvreté. Par exemple, seulement la moitié d’entre eux renoncent à partir en vacances contre 97 % des Guyanais en grande pauvreté, 29 % n’ont pas de loisirs réguliers pour raison financière (94 % des personnes en situation de grande pauvreté) et 5 % ne peuvent pas remplacer leurs vêtements par des vêtements neufs (77 % des personnes en grande pauvreté). Le ressenti des ménages sur leur situation financière est plus modéré que les personnes en grande pauvreté, 45 % d’entre eux la jugent difficile et 49 % doivent faire attention à leurs dépenses.

La situation financière apparaît aussi difficile pour les Guyanais ne subissant aucune des deux privations sévères

La majorité des couples sans enfant ne souffrent d’aucune forme de pauvreté sévère (75 % d’entre eux). Dans une moindre mesure, 54 % des couples avec enfants et 55 % des personnes seules sont épargnés des formes sévères de pauvreté. Parmi les actifs occupés, 74 % ne sont pas touchés par la pauvreté monétaire et matérielle sévère, contre 14 % des chômeurs. Cependant, les conditions de vie des Guyanais épargnés de la pauvreté sévère est hétérogène. Elle recouvre des situations diverses : par exemple, 35 % d’entre eux estiment avoir une situation financière convenable mais 27 % déclarent devoir faire attention pour finir les fins de mois et 28 % s’estiment en difficulté financière.

Publication rédigée par :Marcelle Jeanne-Rose, Antonin Creignou (Insee)

Sources

L’enquête Statistiques sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) est la version française du dispositif européen European Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC). Son objectif est de produire des indicateurs structurels sur la répartition des revenus, de la pauvreté et de l’exclusion, comparables pour les pays de l’Union européenne.

Définitions

Pauvreté monétaire sévère : un individu est en pauvreté monétaire sévère lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur à 50 % du niveau de vie médian.

La pyramide de Maslow : pyramide qui hiérarchise les besoins d'un individu. Imaginée par le psychologue Abraham Maslow dans les années 1940, cette pyramide comporte cinq types de besoins : les besoins physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins d'appartenance et d'amour, les besoins d'estime, et, au sommet de la pyramide, le besoin d'accomplissement de soi ou d'auto-réalisation.

Pour en savoir plus

 La grande pauvreté bien plus fréquente et beaucoup plus intense dans les DOM, Insee Focus n°270, juillet 2022

Blasco J., Gleizes F., Qui est pauvre en Europe ?, Insee Références, édition 2019

Reif X., « En Guyane, deux personnes sur cinq sont en privation matérielle et sociale » Insee Analyse Guyane n°46, décembre 2020

Raimbaud B., Kempf N., Demougeot L., « Niveaux de vie et pauvreté en Guyane en 2017 : la moitié des guyanais vivent sous le seuil de pauvreté », Insee Analyses Guyane n°46, juillet 2020