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La Colombie élit pour la première fois de son histoire un président de gauche, Gustavo Petro

L’ex-guérillero devance de peu (50,45 %) le millionnaire sans parti Rodolfo Hernandez, dans une élection sous tension où le parti de droite au pouvoir avait été éliminé dès le premier tour.

Le Monde avec AFP

Publié le 20 juin 2022 à 01h02, modifié le 20 juin 2022 à 08h04

Temps de Lecture 3 min.

Explosion de confettis alors que la victoire du candidat Gustavo Petro (gauche) à l’élection présidentielle s’affiche, à Bogota, le 19 juin 2022.

L’opposant et sénateur Gustavo Petro est devenu, dimanche 19 juin, le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, l’emportant sur son adversaire indépendant, Rodolfo Hernandez. M. Petro, 62 ans, a recueilli 50,44 % des voix ; son concurrent, 47,31 %, selon les résultats officiels du second tour de la présidentielle, dimanche, portant sur 99,95 % des bulletins dépouillés.

Avec 11,2 millions de voix en sa faveur, il devance de près de 700 000 voix l’homme d’affaires (10,5 millions), qualifié surprise du premier tour, le 29 mai, qui avait devancé le candidat de la droite, laquelle avait jusqu’à présent toujours présidé le pays. La participation s’élève à 58 %, la plus haute depuis le début du siècle.

« Nous nous engageons à un changement véritable, un changement réel », a lancé le sénateur au soir de sa victoire, sur la scène d’une grande salle de spectacle de Bogota, devant des centaines de ses partisans en liesse. « Le gouvernement qui entrera en fonction le 7 août sera celui de la vie, de la paix, de la justice sociale et de la justice environnementale », a énuméré le président élu de l’Etat colombien, au côté de sa famille, ses proches et sa colistière d’ascendance africaine, Francia Marquez.

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« Une solidarité maximale entre les peuples frères »

« La majorité des citoyens et des citoyennes ont choisi l’autre candidat. (…) J’accepte le résultat tel qu’il est », a déclaré dans la foulée M. Hernandez, , le visage défait, dans un bref live sur Facebook filmé à son domicile. « J’ai appelé @PetroGustavo pour le féliciter en tant que président élu du peuple colombien », a également annoncé, sur Twitter, le président conservateur sortant, Ivan Duque. « Nous sommes convenus de nous rencontrer dans les prochains jours pour entamer une transition harmonieuse, institutionnelle et transparente », a ajouté M. Duque, qui ne pouvait pas se représenter.

Qu’ils soient de gauche réformiste ou révolutionnaire, les présidents de nombreux pays sud-américains ont salué sur Twitter l’élection de M. Petro, sur un ton confraternel. Gabriel Boric, président du Chili, s’est exclamé : « Je suis heureux pour l’Amérique latine ! Nous travaillerons ensemble pour l’unité de notre continent face aux défis d’un monde qui change rapidement. En avant ! » Albero Fernandez, président de l’Argentine, a, de son côté, affirmé que « sa victoire valide la démocratie et assure la voie vers une Amérique latine intégrée, en ces temps qui exigent la solidarité maximale entre les peuples frères ». « Des temps nouveaux se profilent à l’horizon pour ce pays frère », a prédit Nicolas Maduro, président du Venezuela.

Des partisans de Gustavo Petro célèbrent sa victoire à l’élection présidentielle, à Cali, en Colombie, le 19 juin 2022.

Andres Manuel Lopez Obrador, président du Mexique, a qualifié cette victoire d’« historique ». Le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel, a « réitéré [sa] volonté de progresser dans le développement des relations bilatérales pour le bien-être [des deux] peuples », tandis que Luis Arce, président de la Bolivie, estime que « l’intégration latino-américaine est renforcée » par cette élection. Enfin, Pedro Castillo, le président du Pérou, a assuré le « soutien » de son pays à son « frère Gustavo ».

« Enfin le changement »

Les deux qualifiés du premier tour étaient arrivés en tête avec un discours de rupture et « anti-establishment », M. Petro (40 %) portant un discours « progressiste » et social, en faveur « de la vie » et contre la pauvreté, tandis que M. Hernandez (28 %) promettait d’en finir avec la corruption, un mal endémique du pays.

L’annonce des résultats finaux a provoqué la liesse dans la grande salle de spectacles du centre de Bogota où l’équipe de campagne de M. Petro a organisé, en musique et en spectacle, sa soirée électorale. « Nous allons enfin avoir le changement », se félicitait Lusimar Asprilla, 25 ans. « C’est quelque chose que tout le pays attendait ». « C’est le changement auquel tout le peuple colombien aspire depuis plus de cent ans », exultait Edgar Sarmiento, retraité de 72 ans.

Avec la victoire de M. Petro, une afrodescendante est nommée, pour la première fois, au poste de vice-président du pays : la charismatique Francia Marquez, 40 ans, modeste villageoise devenue militante écologiste et qui a joué un grand rôle dans la campagne comme colistière du candidat.

Une élection sans incident majeur, dans un contexte de crise

La lutte a été particulièrement âpre entre les deux hommes, avec une campagne faite, entre autres, de désinformation et d’accusations en tout genre. Les derniers sondages publiés il y a une semaine donnaient les deux hommes à quasi-égalité, alors que la droite traditionnelle, en pleine déroute, avait immédiatement appelé à voter en faveur du magnat de l’immobilier.

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Comme lors du premier tour, aucun incident majeur n’est venu perturber ce second tour, surveillé par une cohorte d’observateurs et missions internationales. L’Union européenne (UE), qui avait une mission sur place, a félicité M. Petro par la voix de son haut représentant pour les affaires étrangères, Josep Borrell, pour son « élection comme prochain président de la Colombie ».

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Cette élection se déroulait dans un contexte de crise profonde dans le pays, après la pandémie, une sévère récession, des manifestations antigouvernementales durement réprimées, et la violence accrue des groupes armés dans les campagnes. Dans un pays divisé, sorti encore plus polarisé de cette présidentielle, tous les analystes insistent sur la tâche immense qui attend le nouveau président pour recomposer une société fracturée.

Le Monde avec AFP

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