La Fed s’installe dans un statu quo confortable
Le triple revirement de la Réserve fédérale sur les hausses de taux, la gestion de son bilan et la définition de son objectif d’inflation, est désormais pleinement intégré par le marché. La prochaine réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale américaine, les 30 avril et 1er mai, qui sera suivie d’une conférence de presse de son président Jerome Powell, devrait donc déboucher sur un statu quo que beaucoup d’économistes s’attendent à voir perdurer dans les prochains mois.
Seulement deux des 39 économistes sondés par Bloomberg entre le 23 et le 25 avril s’attendent à voir la Fed diminuer ses taux en 2019 – la fourchette des Fed Funds est de 2,25% à 2,5%. Sur les marchés de taux, les anticipations de baisse se sont également atténuées. «Les statistiques économiques meilleures que prévu ont atténué les craintes d’un ralentissement plus marqué, relève Bill Diviney, économiste senior chez ABN Amro. Les marchés ont éliminé une bonne part de l’assouplissement qu’ils attendaient encore récemment : une baisse des taux de 20 points de base d’ici à la fin de l’année est aujourd’hui dans les prix, contre environ 35 pb fin mars.»
Un contexte «new mediocre»
A l’inverse, les économistes ne prévoient pas de hausse des taux si le rebond des marchés actions et crédit devait se poursuivre.
Les marchés financiers se trouvent aujourd’hui dans une situation plutôt favorable : un discours redevenu accommodant de la part des grandes banques centrales, des économies en ralentissement mais pas en récession, des risques politiques bien réels (tensions commerciales, élections européennes, Brexit) mais qui ne sont pas encore matérialisés. Ce que l’économiste Nouriel Roubini qualifiait dans une récente tribune de «new mediocre». Aux Etats-Unis, les conditions monétaires se sont à nouveau desserrées depuis le virage à 180 degrés de la Réserve fédérale.
«La Fed a donc trouvé l’équilibre parfait compte tenu du ralentissement contrôlé de l’économie américaine et de marchés actions qui ont retrouvé leurs niveaux de mi-2018, créant un effet richesse non négligeable», résume Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires chez AllianzGI.
Le vrai point noir demeure la faiblesse de l’inflation sous-jacente aux Etats-Unis, source de préoccupation croissante pour la banque centrale.
Plus d'articles du même thème
-
La semaine prochaine, la Banque d'Angleterre retiendra l'attention des marchés
En France, les résultats d'Alstom et de Bouygues seront surveillés. Après Crédit Agricole SA et la Société Générale vendredi, les banques UBS et UniCredit dévoileront également leurs comptes. -
Les projections et prospectives des banques centrales nourrissent des critiques
Ben Bernanke, ex-président de la banque centrale américaine, a ciblé en mars l’absence de visions prospectives dans la politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE). La boussole des grands argentiers est-elle la bonne ? -
La Fed enverra mercredi un message de patience
Les gouverneurs devraient accréditer ce mercredi 1er mai l’idée de taux élevés plus longtemps. Mais ils pourraient annoncer une diminution du rythme de la réduction du bilan.
ETF à la Une
BlackRock élargit sa gamme d’ETF obligataires à échéance avec quatre nouveaux véhicules
- Charlotte Dennery (BNP Paribas Personal Finance) : «Nous avons déjà réalisé 80% de notre plan de restructuration»
- Société Générale paye cher les doutes sur la trajectoire de sa marge d'intérêt
- Comment les banques monétisent leur audience auprès des marchands
- «Nous ne sommes plus suffisamment rémunérés pour le risque pris sur le crédit»
- Moneta, Sycomore et l’Adam s’attaquent à la gouvernance de Peugeot Invest
Contenu de nos partenaires
-
Messagerie interne
Président de l'université de Lille, Régis Bordet évoque pour la première fois les dessous de l'annulation de la conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan
EXCLUSIF. Pour la première fois depuis l'annulation de la conférence à Lille, jeudi 18 avril, le président de l'université comparé à l’officier nazi Adolf Eichmann par Jean-Luc Mélenchon a accepté de sortir de sa réserve pour s’exprimer dans l’Opinion. Les étudiants de l’association « Libre Palestine » se disent inquiets de ne plus pouvoir mener des actions de solidarité envers le peuple palestinien sans être ciblés par des campagnes de diffamation. -
Zizanie
Européennes: avalanche de critiques chez LR après le dévoilement de la liste
La commission nationale d'investiture du parti a officialisé mardi matin les noms des 31 premiers candidats des Républicains. Non sans grincements de dents -
Entrisme
Sciences Po: pourquoi la fabrique à élites déraille
La crise actuelle, due à la volonté de LFI d’importer le conflit israélo-palestinien dans la campagne des européennes, est le révélateur de fractures qui affaiblissent l’école depuis des années