La lettre de l'Institut d'émission
Avril 2023

 

 La voix des Banques centrales

Lettre du gouverneur de la Banque de France adressée au Président de la République

Cette Lettre est à nouveau consacrée à l’inflation, première préoccupation des Français. C’est notre priorité comme banque centrale, et nous sommes fermement engagés à la vaincre dans les deux ans qui viennent. Mais il faut d’abord bien éclairer les causes et les symptômes de ce qui est une maladie économique et sociale. La vague d’inflation actuelle a d’abord été importée, résultant fin 2021 (reprise post‑Covid) puis début 2022 (invasion russe en Ukraine), des chocs extérieurs sur l’énergie et les produits agricoles. Encore aujourd’hui, ces deux postes focalisent légitimement l’attention de nos concitoyens, car ils connaissent – en particulier sur l’alimentation – les hausses les plus fortes.

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 Informations économiques et financières

Taux bancaires et cours des devises

Trois ans après le début de la crise sanitaire, les espèces résistent face aux autres moyens de paiement en France

La Banque centrale européenne a publié sa dernière enquête relative aux habitudes de paiement des ménages en zone euro, réalisée sur la période octobre 2021 juin 2022. Il s’agit de la première enquête sur la période post Covid.
Si les espèces sont confrontées à une offre toujours plus large de moyens de paiement dématérialisés, elles restent l’instrument le plus utilisé en France (et dans l’Eurosystème) pour régler les achats aux points de vente.
Par ailleurs, les ménages sont nombreux à valoriser la possibilité de payer en espèces. Enfin, les niveaux d’acceptabilité et d’accessibilité sont considérés comme très satisfaisants. Lire la suite

Taux bancaires et cours des devises

 Actualités de l’Institut et suivi de place

Réunion de place et Comité consultatif d’Agence

Les mercredi 12 et jeudi 13 avril, le directeur de l’IEDOM Philippe La Cognata réunissait successivement les banquiers de la place réunionnaise et le comité consultatif d’agence.
La réunion de place a permis d’échanger sur la transmission de la hausse des taux directeurs dans le coût du crédit, notamment s’agissant du crédit à l’habitat. Les banquiers ont suggéré que la normalisation de la politique monétaire produirait véritablement son plein effet en 2023 plutôt qu’en 2022, et que l’année à venir serait à cet égard plus difficile que l’année écoulée.
Les chefs d’entreprise ont quant à eux apporté un éclairage fin sur le constat général que l’économie du territoire ralentit. Ce ralentissement de l’activité serait marqué depuis le mois de mars, notamment dans les secteurs du commerce. Tous les professionnels indiquent par ailleurs leurs difficultés, du fait de l’inflation, à créer de la valeur malgré une activité qui peut paraître résiliente en volume.
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Synthèse annuelle 2022 : une bonne dynamique, contrariée par l’inflation

En 2022, l’activité économique à La Réunion s’est inscrite dans le prolongement de la reprise robuste de 2021. En témoignent les bonnes orientations du climat des affaires (+3 points par rapport à 2021), de la consommation des ménages (+4,2 % des dépenses réalisées en carte bancaire) et de la circulation fiduciaire (+11 %). L’emploi salarié a continué à progresser, mais à un rythme plus faible.
Ce dynamisme coïncide cependant avec une forte hausse des prix qui atteint +3,6 % en moyenne annuelle en 2022 (+1,4 % en 2021). Celle-ci suggère que le volume d’activité du territoire a augmenté moins vite que ne le laisseraient penser les indicateurs en valeur. Les entreprises participant à l’enquête de conjoncture de l’IEDOM déclarent ainsi réaliser un chiffre d’affaires moyen en hausse de 14 %, mais subir dans le même temps une hausse moyenne des prix des intrants de 18 %.
L’année 2023 devrait voir la croissance de l’activité économique ralentir sur notre territoire. L’inflation devrait persister, à mesure que la hausse des prix des intrants achève de se diffuser dans l’ensemble de l’économie. Néanmoins, le ralentissement attendu serait moins important qu’en France métropolitaine.
Lire la synthèse annuelle 2022

 Actualités économiques locales

Bouclier qualité prix 2023 : modification du panier et extension au secteur du bricolage

En début de mois, le préfet de la Réunion, Jérôme Filippini a présenté le nouveau « Bouclier Qualité Prix » (BQP) 2023. Dans un contexte de forte inflation, les distributeurs ont convenu que le prix et le nombre des produits du panier BQP restent stables (153 produits pour un montant de 348 €). Quelques modifications ont été réalisées, par exemple, des doublons ont été écartés au profit de l’entrée de nouveaux produits tels que le déodorant et le chocolat. En particulier, le nombre de produits issus de la production locale a augmenté, atteignant 40 % du panier. Pour limiter les risques de rupture de stocks sur les produits du panier, il est désormais possible pour les enseignes de remplacer le produit manquant d’une gamme donnée par un produit similaire d’une autre gamme.
Par ailleurs, le préfet a annoncé l’extension du dispositif BQP au secteur du bricolage. Ce nouveau panier comprend 22 produits de bricolage avec pour objectif de « permettre aux Réunionnais d’entretenir leur logement ». Ce BQP d’une valeur de 290,60 € sera mis en place auprès de 14 magasins de bricolage de l’île.
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Enquête Besoins en main-d’œuvre (BMO) : 40 400 embauches prévues en 2023

Le 12 avril dernier, Pôle Emploi a publié sa dernière enquête des Besoins en main-d’œuvre (BMO) des entreprises pour 2023. Ainsi, 3 millions d’embauches sont prévues cette année à l’échelle nationale, dont 40 400 embauches pour les établissements réunionnais, soit une hausse de 5 % par rapport à 2022. Le secteur privé se distingue avec 24 500 intentions d’embauche représentant une augmentation de +8 % par rapport à 2022. Les entreprises publiques et le monde associatif déclarent quant à eux 16 000 projets de recrutements. Les secteurs qui embaucheraient le plus sont les services aux particuliers (54,5 %), les services aux entreprises (14,7 %), la construction (11,8 %) et le commerce (10,3 %). Les métiers en plus forte tension sont les agents d’entretien de locaux, les professionnels de l’animation socioculturelle et les jardiniers.
Consulter les résultats de l’enquête.
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Les femmes, les jeunes et les seniors, principaux bénéficiaires de la hausse de l’emploi

À La Réunion, 49 % des personnes âgées de 15 à 64 ans ont un emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) en moyenne sur 2022, soit deux points de plus qu’avant la crise sanitaire. Cette hausse profite davantage aux personnes traditionnellement les moins insérées sur le marché du travail : les femmes, les jeunes et les seniors. En moyenne en 2022, 46 % des femmes ont un emploi (+ 3 points par rapport à 2019). Le taux d’emploi augmente aussi pour les jeunes alors qu’il stagne aux âges intermédiaires : en moyenne il s’élève à 29 % sur l’année 2022 pour les 15-29 ans (+3 points depuis 2019). L’emploi des jeunes est soutenu par davantage de dispositifs d’accompagnement vers l’emploi (Parcours Emploi Compétences (PEC), les Contrats Initiative Emploi Jeunes (CIE), ou l’Insertion par l’Activité Économique (IAE)). La hausse de l’emploi profite enfin aux Réunionnais plus âgés : 49 % des 50-64 ans ont un emploi en 2022, équivalent au niveau d’avant crise.
En 2022, le chômage au sens du BIT atteint 18 % à La Réunion, niveau qui reste encore très élevé par rapport au niveau national (7,4 % en 2022). Les femmes, profitant davantage de la hausse de l’emploi, sont nettement moins nombreuses à être au chômage en 2022 : leur taux de chômage baisse de 6 points sur la période et atteint 16 % en 2022 (contre 20 % pour les hommes). Le taux de chômage des jeunes de 15 à 29 ans est aussi en baisse en 2022 et s’établit à 32 %.
Étude de l’INSEE

 Actualités économiques régionales

Africa Wealth Report 2023 : Maurice est le 6ème pays le plus riche du continent

La dernière édition de l’Africa Wealth Report publiée en début de mois par Henley & Partners présente le classement des pays les plus riches d’Afrique en se basant sur le nombre de grandes fortunes résidentes. L’Île Maurice se classe ainsi en 6ème position avec 4 900 millionnaires en dollars, soit une augmentation de 96 % en une décennie. La somme du patrimoine des grandes fortunes y atteint 48 milliards de dollars sur l’île.
Cette performance s’explique par l’ouverture aux investissements étrangers, par des régimes fiscaux attrayants, par l’essor du marché boursier local, et par un environnement global favorable au commerce compétitif.
Dans ce classement, l’Afrique du Sud se hisse au 1er rang avec 37 800 millionnaires résidents, suivie par l’Égypte, le Nigéria, le Kenya et le Maroc. Ce « big five » représentent 56 % des grandes fortunes d’Afrique.
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Séminaire de banquiers centraux internationaux sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme à La Réunion

L’Institut Bancaire et Financier International, l’organisme de formation externe de la Banque de France, organisait les 19 et 20 avril à Saint-Denis de La Réunion un séminaire pour l’océan Indien sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB-FT).
Ce séminaire réunissait les experts de LCB-FT des banques centrales africaines francophones (Madagascar, Djibouti, Maurice et Comores) et était animé par Jean-François Cotier, inspecteur général responsable du pôle LCB-FT à la direction du contrôle sur place de l’ACPR. Le séminaire portait plus précisément sur les bonnes pratiques en matière de LCB-FT associées aux recommandations 26 (Réglementation et contrôle des institutions financières) et 27 (Pouvoirs de autorités de contrôle) du Groupe d’action financière (GAFI). La présentation donnait notamment l’occasion à Jean-François Cotier de partager son expérience sur les réussites et les voies de progrès en matière de LCB-FT à l’issue de la revue de la France par le GAFI (2020-2022).
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Madagascar : plus de 18 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité

Selon la Banque Mondiale, Madagascar atteint la 13ème place des pays les moins électrifiés au monde avec plus de 18 millions d’habitants n’y ayant pas accès. En 2020 en moyenne, 48 % de la population d’Afrique Subsaharienne y a accès, contre 34 % à Madagascar. Des progrès ont bien été réalisés dans l’accès à Internet, dont l’utilisation est passée de 5 % de la population en 2016 à 22 % en 2021. Néanmoins, le taux de pénétration reste l’un des plus faibles au monde et se situe bien en deçà de la moyenne régionale de 33 % pour l’Afrique subsaharienne.
Afin d’accélérer ces progrès, la Banque Mondiale a accordé un crédit de 400 millions de dollars à Madagascar pour le financement du projet DECIM (Connectivité numérique et énergétique pour l’inclusion à Madagascar). Ce programme a pour objectif de fournir un accès à l’électricité à 10 millions de personnes supplémentaires (de 34 % à 67 % de la population). Le projet DECIM a aussi pour but d’améliorer le secteur du numérique en donnant accès à Internet à 3,4 millions d’utilisateurs supplémentaires et une connexion à 2 000 centres de santé et écoles aux énergies renouvelables et aux services numériques.