Page 21 - Rapport économique 2022 - La Réunion
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Section 2
Les repères historiques
Premiers peuplements
Au début du XVIe siècle, l’île de La Réunion est déjà une escale appréciée sur les routes commerciales de l’océan Indien, en raison de l’abondance d’eau douce qu’elle offre à proximité immédiate des rivages. L’île reçoit la visite de navigateurs indiens, arabes, portugais, hollandais et anglais, et figure sur de nombreuses cartes de l’époque sous différents noms (Dina Morgabin, Santa-Apolonia). Elle demeure cependant inhabitée jusqu’au milieu du XVIIe siècle, sa position étant jugée alors moins favorable militairement que les îles voisines (Madagascar, Maurice).
Les Français en prennent possession lors d’une première expédition en 1638 menée par le commandant Salomon Goubert et officialisent la nomination d’île Bourbon lors d’une deuxième expédition en 1649. Toutefois, ce n’est qu’en 1663 qu’elle devient colonie de peuplement avec l’installation de deux Français accompagnés de dix Malgaches (7 hommes, 3 femmes), suivie en 1665 par le débarquement d’Etienne Regnault avec une vingtaine d’hommes et de femmes.
Le siècle de la Compagnie des Indes
L’île Bourbon est alors directement administrée au nom du Roi par la Compagnie des Indes orientales, créée en 1664 par la Couronne française afin d’exploiter les comptoirs commerciaux de l’hémisphère sud et intensifier les importations vers le Continent. La Compagnie y détient les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sous l’autorité d’un administrateur (nommé gouverneur) et a pour mission la mise en valeur de l’île et son développement. Ce n’est qu’au début du XVIIe siècle que la culture du café à des fins commerciales se développe sur l’île. Sa production connaît un essor rapide : elle est estimée à 1 200 tonnes dans les années 1740, contre 2 tonnes en 1723. Cette culture intensive contribue à accélérer la traite d’esclaves originaires principalement d’Afrique de l’Est, d’Inde et de Madagascar. En 1763, on compte 18 000 esclaves sur une population totale de 25 000 habitants. Au sortir de la guerre de Sept Ans (1755-1763) contre les Britanniques, la Compagnie des Indes est en faillite. Le Roi récupère l’administration directe de l’île Bourbon.
Le café cède un peu de terrain aux autres cultures, en particulier aux épices (girofle, muscade, poivre, cannelle) nouvellement introduites par Pierre Poivre. Les successions partagent progressivement les terres en petites parcelles, exploitées par une population libre de « Petits Blancs ». La Révolution est bien accueillie sur l’île, où les Colons s’organisent en Assemblée en revendiquant une place particulière au sein de la Nation, et où les « Libres de couleur » participent aux débats politiques. Les Colons rejettent cependant le décret du 4 février 1794 qui abolit l’esclavage pour préserver leurs intérêts de propriétaires. Ils s’assurent que cette organisation conservatrice de la société traverse les différents régimes (Directoire, Empire, administration anglaise de 1810 à 1815 puis Restauration) que connaît l’île au tournant du siècle.
L’essor de la canne à sucre
Au début du XIXe siècle, la culture du café décline, abimée par les maladies et les catastrophes climatiques. Les propriétaires terriens se convertissent à la culture de la canne à sucre, que la Métropole achète à prix d’or depuis les pertes de Saint-Domingue et de l’Ile de France (Maurice). Les sucreries fleurissent (on en compte 125 en 1859 pour une
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