Page 111 - Rapport annuel économique 2022 - Mayotte
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2) Plan Eau DOM et Contrats de progrès
Le plan d’action Eau DOM a été signé le 30 mai 2016 par les ministères des outre-mer (MOM), de l’environnement (MEEM), de la santé (MAS), la Caisse des dépôts (CDC) et l’Agence française de développement (AFD). Il a pour vocation d’accompagner les collectivités compétentes dans l’amélioration des services rendus à leurs usagers en matière d’eau potable et d’assainissement, en leur proposant un nouveau mode de contractualisation, le Contrat de progrès.
À Mayotte, le premier contrat de progrès du territoire a été signé le 27 juillet 2018, valant pour la période 2018-2020, liée à une Programmation pluriannuelle d’investissement (PPI) d’un montant de 67,4 millions d’euros pour le volet « Alimentation en eau potable (AEP) ». Ce contrat de progrès prévoyait au total 140,5 millions d’euros d’investissement subventionnés à hauteur de 75 % pour la période. Mais, le SIEAM n’a pas été en mesure de l’initier, malgré l’urgence des besoins. Dans ce contexte, le préfet de Mayotte a saisi la Chambre régionale des comptes pour analyser la gestion du syndicat et proposer des mesures de redressement budgétaire.
En septembre 2021, le ministre des Outremers, Sébastien Lecornu, lors de sa venue à Mayotte, avait convenu avec la nouvelle équipe élue au SMEAM, la mise en place d'une feuille de route pour améliorer la situation de la gestion de l'eau, avec l'appui du conseil départemental. Elle consistait en dix actions prioritaires pour l'eau potable et l'assainissement de Mayotte, qui mobiliseront 13 millions d'euros de crédits de relance, entre autres, l’établissement d'un nouveau contrat de progrès 2021-2023 et d'un plan d'apurement des dettes entre le SMEAM et ses financeurs. Le 24 aout 2022, le nouveau contrat de progrès de service public de l’eau potable et des eaux usées de Mayotte pour la période 2022-2026 a été signé entre le SMEAM et l’Etat, lié à une Programmation Pluriannuelle des Investissements, à l’occasion de la venue du ministre délégué chargé des outre-mer, Jean François CARENCO, avec un budget estimé à 411 millions d’euros. Ce nouveau contrat doit permettre de pallier au retard pris et d’engager les projets structurants pour répondre aux besoins croissants en eau potable.
1.1.2 Une ressource limitée
Du fait de sa superficie modeste et de son relief accidenté, Mayotte dispose d’un réseau hydrographique ramifié, constitué de cours d’eau et de ravines, la plupart ayant un écoulement temporaire et limité aux épisodes pluvieux de la saison humide.
Selon le dernier état des lieux réalisé en 2018 par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)3, Mayotte compte 26 masses d’eau de surfaces, un lac naturel d’eau douce (Dziani Karihani), 17 masses d’eau côtière et 6masses d’eau souterraine. Les rivières pérennes sont essentiellement localisées dans le nord et le nord-ouest de l’île où se concentrent les précipitations4. En moyenne, 80 % des pluies sont enregistrées entre décembre et avril.
À fin 2022, le patrimoine de production à Mayotte est constitué de 2 retenues collinaires, 14 captages de rivières, 3 systèmes de drainage, 2 forages d’eau brute adossés à 5 usines de production, 20 forages pour l’alimentation en eau potable et 1 usine de dessalement de l’eau de mer. La ressource prélevée est essentiellement superficielle : sur les 13,9 millions de m3 d’eau potable produits en 2022, 63,1 % proviennent des 5 usines de production, 30,1 % des forages et 6,8 % de l’usine de dessalement de Petite-Terre (en hausse).
5 forages sur 20 sont en surexploitation. 17 réservoirs sur 57 ont une durée de stockage en pointe inférieure à 4 heures et 33 sur 57 ont une durée de stockage inférieur à 6 heures. Ils pâtissent d’un déficit d’entretien et d’un vieillissement accéléré. Or, en cas d’interruption de la
3 Source : « Suivi des réseaux de contrôle de surveillance de l’état qualitatif des masses d’eau souterraine et cours d’eau de Mayotte. Année 2018 », Rapport final, BRGM-Décembre 2018.
4 Le nord-est et le sud-ouest sont les régions les moins arrosées alors qu’elles concentrent la majorité de la population.
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