C’est l’un des plus gros investissements jamais réalisé en Afrique subsaharienne dans le secteur des hydrocarbures. Le projet d’exploitation des réserves de gaz découvertes au large des côtes du Mozambique a été officiellement lancé en juin dernier. L’investissement, évalué à 25 milliards de dollars, sera majoritairement porté par Total et Exxon, les deux opérateurs principaux. Le gaz sera pompé au fond de l’Océan indien, dans la péninsule d’Afungi, acheminé par pipeline vers la côte où il sera transformé en gaz naturel liquéfié (GNL), puis exporté par navire méthanier. L’exploitation du GNL mozambicain est prévue en 2024. L’enjeu pour Mayotte est de tirer profit de son avantage géographique, première terre à 500 km des côtes mozambicaines, afin de se positionner comme base arrière des pétroliers. Pour cela, le département doit solliciter ses projets porteurs, renforcer ses infrastructures et faire monter en compétence la main d’œuvre locale. Trois axes d’intervention ont particulièrement été évoqués dans les discussions du forum économique. Dans un premier temps, la position stratégique du port de Longoni pourrait permettre de répondre aux difficultés d’acheminement de la future production par la route entre la péninsule d’Afungi et le port de Pemba. Dans cette perspective, le port de Mayotte est amené à concurrencer ou à être complémentaire des énormes ports d’Afrique de l’est. Le CHM pourrait également jouer le rôle d’une base arrière pour les évacuations sanitaires liées aux plate-formes gazières. L’hôpital dispose d’une offre de soins conforme aux attentes en termes de réanimation et d’urgence, et possède des capacités d’interventions chirurgicales introuvables ailleurs dans la zone. Néanmoins, ses capacités d’accueil relativement limitées modèrent cette ambition. En prévision du projet, Mayotte devrait structurer diverses filières de formation pour répondre aux exigences de qualification de la main-d’œuvre.
L’intervention de l’ambassadeur de France à Maputo lors du forum a toutefois tempéré le débat en rappelant la fragilité du contexte dans lequel s’implante le projet. Le climat politique reste instable, avec la contestation des élections présidentielles et les affrontements sporadiques dans le nord du pays contre les islamistes. En outre, les deux cyclones qui ont frappé cette année le pays rappellent sa vulnérabilité face aux aléas climatiques.
Le 15 novembre, une task force s’est constituée autour des services de l’Etat, du Département, de l’Adim (Agence de développement et d’innovation de Mayotte) et du secteur privé. Son objectif est double : entamer des négociations sur la réglementation douanière et fiscale, et définir collectivement une offre mahoraise que le secteur privé pourra présenter au secteur pétrolier.