La lettre de l'Institut d'émission
Août 2020

 

 La voix des Banques centrales

Déséquilibres de l’économie mondiale et crise de la COVID-19

Martin Kaufman et Daniel Leigh

Le monde a été frappé par la pandémie de COVID-19 alors qu’il présentait des déséquilibres extérieurs persistants. La crise a entraîné une forte réduction des échanges commerciaux et de fortes variations des taux de change, mais une réduction limitée des déficits et excédents des transactions courantes à l’échelle mondiale. Les perspectives restent très incertaines, car les risques de nouvelles vagues de contagion, d’inversion des flux de capitaux et de nouvelle diminution des échanges internationaux se profilent toujours à l’horizon.

Selon la dernière édition de notre Rapport sur le secteur extérieur, les déficits et les excédents des transactions courantes se situaient juste au-dessous de 3 % du PIB mondial en 2019, soit à un niveau légèrement inférieur à celui de l’année précédente. D’après nos dernières prévisions pour 2020, ils ne devraient diminuer que d’environ 0,3 % du PIB mondial, soit une baisse plus modeste que celle enregistrée après la crise financière mondiale d’il y a dix ans.

Les priorités immédiates consistent à apporter une aide d’urgence et à promouvoir la reprise économique. Une fois que la pandémie se sera atténuée, les pays excédentaires comme les pays déficitaires devront consentir un effort collectif de réforme pour réduire les déséquilibres extérieurs de l’économie mondiale. De nouveaux obstacles au commerce ne seront pas efficaces à cet égard.

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 Informations économiques et financières

Taux bancaires et cours des devises

La production industrielle en hausse de 9,1% tant dans la zone euro que dans l’UE

En juin 2020, un mois marqué dans de nombreux États membres par un certain assouplissement des mesures de confinement liées à la Covid-19, la production industrielle corrigée des variations saisonnières a augmenté de 9,1% tant dans la zone euro que dans l’UE, par rapport à mai 2020, selon les estimations d’Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. En mai 2020, la production industrielle avait augmenté de 12,3% dans la zone euro et de 11,6% dans l’UE. En juin 2020, par rapport à juin 2019, la production industrielle a diminué de 12,3% dans la zone euro et de 11,6% dans l’UE.

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Les donneurs s’entendent sur la comptabilisation de l’allégement de la dette dans l’aide

Les membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, lequel se compose de 29 pays donneurs plus l’Union européenne, se sont mis d’accord sur une méthode de comptabilisation des opérations d’allégement de la dette dans l’aide publique au développement (APD). Cet accord voit le jour alors que les pays en développement et la société civile viennent d’appeler à une intensification des efforts d’allégement de la dette à l’échelle internationale. Les créanciers au sein du Club de Paris – enceinte regroupant des créanciers publics chargée de négocier des opérations de restructuration de la dette – avaient, pour leur part, demandé à ce que le système encourage les remises de dette et les rééchelonnements de la dette. Ce nouvel accord ouvre la voie à une action plus résolue pour que soit allégé le fardeau de la dette qui pèse sur les pays en développement, à l’heure où ceux-ci doivent surmonter les conséquences économiques et sociales de la pandémie de COVID-19.

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Les mesures de soutien des gouvernements ont amorti l’impact économique du COVID-19

Malgré une chute de 2,0% du PIB réel par habitant dans la zone OCDE au premier trimestre de 2020, le revenu réel des ménages par habitant, qui donne une meilleure idée de l’évolution du bien-être économique des personnes, a augmenté de 0,1%. En réponse au COVID-19, plusieurs gouvernements ont mis en place des politiques visant à soutenir le revenu des ménages. Par conséquent, dans les sept principales économies, la croissance du revenu réel des ménages par habitant s’est mieux maintenue que la croissance du PIB réel par habitant, qui s’est fortement contractée au sein de ces pays. Pour la zone OCDE, la croissance du revenu réel des ménages a dépassé la croissance du PIB de 2,1 points de pourcentage, le plus grand écart positif observé entre les deux mesures depuis la crise financière (2008 T4).

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 Actualités de l’Institut et suivi de place

WEBINAIRE : la situation financière des entreprises de Saint-Martin.

La Collectivité de Saint-Martin, en partenariat avec la CCI de Saint-Martin, a récemment créé la Cellule d’Accompagnement à la Régularisation des Entreprises (« CARE »).

Dans le cadre de cet appui aux entreprises, le 6 Juillet, à la demande de la Chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin, Gilles GENRE-GRANDPIERRE, Directeur de l’IEDOM de la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy a animé un premier WEBINAIRE portant sur la situation financière des entreprises de Saint-Martin.

Ce webinaire, qui a réuni 15 participants représentant les différents secteurs de l’économie saint-martinoise, a porté sur le prêt garanti par l’État (PGE), la mobilisation du PGE par les entreprises saint-martinoises et le rôle et les missions du médiateur du crédit.

 Actualités économiques locales

Hausse du nombre de demandeurs d’emploi en Guadeloupe au 2e trimestre 2020

Descriptif :
Selon la DIECCTE, en Guadeloupe, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité, inscrits à Pôle Emploi (catégorie A) s’élève à 54 270 au deuxième trimestre 2020.

En France (y compris Drom), ce nombre augmente de 23,2 % ce trimestre (+21,2 % sur un an).

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La Région Guadeloupe vient en aide aux entreprises

La Région Guadeloupe lance le prêt rebond dit prêt FEDER à taux zéro, en partenariat avec la banque publique d’investissement, BpiFrance. Ce dispositif vient en aide, à court terme, aux très petites entreprises (TPE) et aux petites et moyennes entreprises (PME) de l’archipel subissant des difficultés de trésorerie. Ces entreprises peuvent emprunter de 10 000 à 200 000 euros, pour une durée de 7 ans, dont 2 ans de différé d’amortissement en capital. Ce prêt rebond à taux zéro est accessible en ligne, afin d’en faciliter l’accès et de raccourcir les délais de traitement.

La Collectivité est également partenaire de l’Etat dans la mise en place du Fonds social européen (FSE) représentant 60 millions d’euros d’aide.

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Le plan de relance économique de la Région Guadeloupe

La Région tente de redynamiser, sur deux temporalités - court terme et à moyen/long terme - le tissu économique de la Guadeloupe, subissant de plein fouet la crise sanitaire due au Covid-19.

Le 31 juillet dernier, à l’Université des Antilles, a eu lieu la présentation officielle du plan de relance économique de la Région Guadeloupe, recensant 25 mesures. Une centaines de chefs d’entreprises, d’élus, de parlementaires et d’acteurs de la vie associative y ont assisté. Ce plan régional apporte d’une part une réponse d’urgence à la situation des entreprises locales mais met également en lumière des projets structurants, à plus long terme, financés par les fonds européens et le budget régional.

D’ici deux mois, la Région Guadeloupe a pour objectifs de soutenir le « made in Guadeloupe », de contribuer à la souveraineté économique en favorisant des circuits d’approvisionnement courts ainsi qu’en accompagnant les secteurs de l’agriculture et de la pêche dans l’écoulement de leur production et de permettre un rebond de l’investissement principalement à travers les aides aux entreprises et la commande publique.

Sur le long terme, elle ambitionne de promouvoir l’innovation et la mutation digitale (le très haut débit pour tous) pour ancrer l’économie dans le développement durable et la transition écologique. A titre d’exemple, il s’agit de renforcer le développement d’une agriculture raisonnée et biologique (croissance verte), de renforcer la connectivité aérienne et maritime (croissance bleue), puis enfin de poursuivre l’investissement dans les énergies renouvelables (autonomie énergétique).

Le projet phare de ce plan de relance est l’instauration d’une Medicine Valley sur le site de Perrin. Le modèle économique suivra celui de la Sillicon Valley (faculté de médecine de plein exercice, laboratoires de recherche médicale, écoles d’infirmiers et professions paramédicales, hôpital moderne), l’économie de la santé au cœur du développement économique.

Après une large consultation visant à réfléchir au nouvel ordre économique, la Collectivité soumettra, en septembre prochain, le projet définitif au vote en assemblée plénière en collaboration avec les organisations socioprofessionnelles.

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Lente reprise du trafic aérien et baisse des investissements à Pôle Caraïbes Guadeloupe

Le trafic aérien a atteint, au mois de juillet, 50 % de son niveau de 2019, après un recul de 77 % au mois de juin 2020. Ce redémarrage progressif concerne les destinations domestiques (métropole et Antilles françaises) ainsi que la Belgique et le Canada. L’aéroport a ainsi accueilli près de 112 000 passagers le mois dernier, contre un peu plus de 225 000 à la même époque en 2019.

Dans le détail, le trafic vers la métropole est en recul de 50 %, avec 69 000 passagers en juillet 2020 (138 000 en 2019), soit une capacité en sièges à hauteur de 63 % du niveau de juillet 2019. La compagnie Air Canada a repris ses rotations en juillet 2020, à raison d’un vol hebdomadaire, entre l’aéroport international Montréal-Trudeau et Pointe-à-Pitre. Pour rappel, les liaisons intra-caribéennes étrangères n’ont pas encore repris

Cette augmentation en capacité se poursuit sur le mois d’août et devrait aboutir à une offre globale en baisse de l’ordre de 42 % sur la période estivale. Le retrait anticipé des 747 de la flotte de Corsair, remplacés par des Airbus A330, diminue mécaniquement l’offre de sièges proposée. Par ailleurs, la procédure de cessation d’activité dont fait l’objet la compagnie LEVEL a été confirmée début août avec la fermeture de la base d’Orly.

Le trafic vers les Îles du Nord est en baisse de 9 %, avec près de 17 000 passagers contre un peu plus de 18 500 l’an passé. La fréquence des liaisons opérées par Air Caraïbes et Air Antilles sur ce réseau et l’absence de restriction aux déplacements ont permis de générer une performance moins négative que la tendance globale du trafic. Vers la Martinique et la Guyane, en juillet 2020, le trafic est en recul de 71% (10.300 passagers transportés contre 35.700 en juillet 2019).

Dans ce contexte, le conseil d’investissement de Guadeloupe Pôle Caraïbes réduit de moitié son plan, passant de 240 à 120 millions d’euros. Les investissements maintenus concernent la réfection de la piste, la sécurité des avions et des passagers et le ravalement des parkings. Alain Bièvre soutient que pour le moment leur trésorerie est suffisante et affirme être autonome, au moins pour 6 mois ; ce en matière d’équipement de protection. En cas de dégradation de la situation, ils auront recours à un PGE.

 Actualités économiques régionales

Le retour des contrôles aux frontières à Saint-Martin

Les déplacements transfrontaliers entre la partie française et la partie hollandaise sont DE nouveau règlementés, par arrêté préfectoral, depuis le 31 juillet et ce, jusqu’au 15 août, en raison de la recrudescence du nombre de cas et de la réouverture de l’accès au ciel français de la Caraïbe, la reprise des vols en provenance des Etats-Unis à l’aéroport Juliana. Les frontières d’Oyster Pond et de Terres Basses sont physiquement fermées par des containers et celles de Belle Plaine et de Bellevue sont contrôlées.

Mme Angèle DORMOY, Présidente de la CCI SM, alerte sur les répercussions économiques de cette mesure. Elle y évoque les difficultés d’approvisionnement en partie hollandaise, de transport de touristes au départ de l’aéroport de Juliana. Elle rappelle la fragilité du tissu économique de l’Ile suite au passage de l’ouragan IRMA et aux mouvements sociaux en réponse au PPRN de décembre dernier.

Près de 60% des TPE et chefs d’entreprises indépendants appartenant à la Cellule d’Accompagnement pour la Régularisation des Entreprises (CARE) n’ont pu bénéficier des aides annoncées par le Gouvernement pendant le confinement. Pour rappel, la CARE a pour mission d’apporter une aide logistique pour leur régularisation fiscale et sociale, les demandes de moratoires et l’accès à des aides ciblées selon les dispositifs en vigueur.

Aussi, la Présidente de la CCISM demande un assouplissement du dispositif pour les chefs d’entreprise tel qu’un laisser passer afin d’éviter la fermeture d’une centaine d’entreprises sur la partie française.

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Saint-Barthélemy : la crise impose un réajustement budgétaire

Bruno Magras, Président du Conseil territorial de Saint-Barthélemy a annoncé que la crise a coûté à ce jour 732.000 euros à la Collectivité, sur le budget de 2 millions d’euros provisionné en avril.

Voté le 20 mars, alors que le confinement était déjà en vigueur, le budget primitif 2020 avait déjà pris en compte l’effet coronavirus ; il prévoyait des recettes en baisse et resserrait les dépenses. En effet, celui-ci a été revu au regard de la crise sanitaire. Les droits de quai ont diminué de 23%, mais ont été compensés par une hausse des droits d’enregistrement et de la taxe sur la plus-value. Ainsi, les recettes fiscales atteignent à mi-parcours 58% du montant prévu pour l’année 2020, soit 33,5 millions d’euros. Côté dépenses de fonctionnement, après plus de six mois d’exercice, 45% du budget prévu a été utilisé.

Les investissements (dépenses jugées impondérables telles que la pose du réseau d’assainissement à Gustavia et le déploiement de la fibre optique, la réfection de la route entre Grand Fond et Toiny, l’installation d’un système de haut-parleurs dans le cadre de la prévention cyclonique, sismique et tsunami, etc.) s’élèveront à 8,4 millions d’euros d’ici fin 2020.

Toutefois, certaines opérations se voient retirer des crédits, et sont donc reportées, au plus tôt, à 2021, notamment des projets concernant la transition énergétique.