La lettre de l'Institut d'émission
Août 2021

 

 La voix des Banques centrales

À quoi ressemblera la banque du XXIè siècle ?

Introduction de Denis Beau, Premier sous-gouverneur de la Banque de France, au Crypto Finance Forum « Le futur de la France est à votre portée »

Pour lancer notre discussion sur la banque du 21ème siècle, je voudrais faire trois constats et vous proposer un pronostic.

1. Le modèle de la banque universelle, particulièrement fort en France, sous la forme de grands groupes de bancassurance intégrés qui cumulent les fonctions de collecte des dépôts et de distribution du crédit et offrent une large gamme de services financiers, a montré sa robustesse pendant les deux grandes crises traversées depuis le début du siècle. Non seulement notre secteur bancaire a fait preuve de résilience mais dans la crise du Covid, il a aussi été en mesure de répondre aux besoins de financement et de trésorerie des entreprises, et de contribuer très activement au déploiement des mesures de soutien décidées par le Gouvernement et la Banque Centrale Européenne.

2. Le dynamisme des acteurs financiers non bancaires de l’intermédiation financière (sociétés d’assurance, fonds…) depuis la crise financière de 2008. Il s’est traduit par le développement du financement non bancaire, qui a progressé dans la Zone euro à un rythme annuel de 7,5% en moyenne. Depuis 2002, la part des crédits bancaires dans l’endettement de la Zone euro a été divisée par deux et ne représentait plus que 37% de l’endettement de la Zone euro en 2019. De mon point de vue de banquier central chargé de veiller à la stabilité financière et au bon financement de l’économie, cette diversification des sources de financement de l’économie réelle est la bienvenue.

3. L’impact, qui s’annonce différencié, de nouveaux acteurs dans l’écosystème de l’intermédiation financière. Parmi ces nouveaux acteurs, figurent au premier rang les entreprises technologiques. Le modèle de ces entreprises se fonde sur la décomposition des activités de la banque universelle traditionnelle en une série de fonctions essentielles distinctes, telles que l’acheminement des paiements, la fourniture de financements, le partage des risques et la répartition des capitaux. Leur impact sur l’intermédiation financière de ces nouveaux acteurs va très vraisemblablement être différencié selon que l’on considère les start-ups ou les Bigtechs.

 Informations économiques et financières

Taux bancaires et cours des devises

La pandémie a augmenté les soldes mondiaux des transactions courantes

Martin Kaufman et Daniel Leigh

2020 fut une année d’extrêmes. Les voyages ont cessé pendant un certain temps. Les cours du pétrole ont connu de très fortes fluctuations. Le commerce des produits médicaux a atteint de nouveaux sommets. Les dépenses des ménages se sont orientées vers les biens de consommation au lieu des services et l’épargne a explosé, les gens restant chez eux dans un contexte de fermetures mondiales.
D’exceptionnelles mesures de soutien ont permis d’éviter une dépression économique mondiale, même si la pandémie a taxé lourdement les vies et les moyens de subsistance. La réaction mondiale, sous forme de grands changements dans les voyages, la consommation et le commerce, a également creusé les déséquilibres économiques dans le monde, comme en témoignent les soldes des transactions courantes, c’est-à-dire les transactions d’un pays avec le reste du monde.

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Les entreprises ultramarines face à la crise sanitaire

Le rebond attendu contraint par le prolongement des restrictions sanitaires

Interrogés au début du deuxième trimestre 2021 au moment de l’annonce du troisième confinement national, les chefs d’entreprise ultramarins ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance du chiffre d’affaires pour 2021 (3,2 % au lieu de 4,7 % estimé à la fin du trimestre précédent). Les incertitudes liées au contexte sanitaire se traduisent également par le fait qu’un chef d’entreprise sur six redoute une défaillance de son entreprise au cours des douze prochains mois (et près d’un entrepreneur sur trois dans le secteur des activités touristiques).

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 Actualités de l’Institut et suivi de place

Coût du crédit aux particuliers : un nouveau repli au deuxième trimestre

L’IEDOM a publié sa note trimestrielle relative aux Taux des crédits aux particuliers. Au deuxième trimestre 2021, les taux moyens des découverts et des prêts personnels ont encore reculé pour atteindre respectivement 7,75 % et 3,74 % (soit -36 et -8 pdb, après -77 et -5 pdb au trimestre précédent). Pour sa part, le taux moyen des crédits à l’habitat est demeuré relativement stable, à 1,36 % (+5 pdb, après -5 pdb). Les taux moyens appliqués en Martinique sont proches de ceux observés au niveau national s’agissant des crédits à l’habitat et des prêts personnels. En revanche, l’écart reste important sur les découverts. La publication est consultable sur le site de l’IEDOM.

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Coût du crédit aux entreprises : des taux en baisse pour presque toutes les natures de crédit

Parallèlement à la publication de la note sur les Taux des crédits aux particuliers, est parue la note de l’IEDOM sur les Taux des crédits aux entreprises. Les taux moyens se sont inscrits en baisse au deuxième trimestre 2021 pour presque toutes les natures de crédit. L’abaissement du taux moyen des découverts s’est avéré particulièrement notable (-413 pdb), après une hausse exceptionnelle au trimestre précédent. Il a ainsi retrouvé son niveau habituel, à 5,93 %. Les taux des crédits à l’équipement et des crédits immobiliers ont aussi diminué, à 1,76 % et 1,39 % (-7 et -16 pdb). Seul le taux moyen des crédits de trésorerie échéancée a crû à 0,92 % (+39 pdb sur le trimestre). En effet, le recours aux prêts garantis par l’État (PGE) – pour lesquels le taux est nul ou proche de zéro – s’amenuise. La publication est consultable sur le site de l’IEDOM.

 Actualités économiques locales

Covid-19 : deux ministres en déplacement en Martinique

Alors que la situation sanitaire ne cesse de se dégrader, avec un taux d’incidence autour de 1 200 et un système hospitalier plus que saturé, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran et le ministre de l’Outre-mer Sébastien Lecornu étaient en déplacement en Martinique le jeudi 12 août 2021. Ils ont notamment annoncé la mise en place d’un hôpital militaire équipé d’une vingtaine de lits de réanimation, l’arrivée de nouveaux renforts aux équipes soignantes locales et la réception imminente de 100 tonnes d’oxygène médical, ainsi que de traitements à base d’anticorps monoclonaux. Ils ont également rappelé que, dans le cadre du Ségur de la santé, 448 millions d’euros avaient été alloués à la Martinique, destinés en priorité à des investissements, mais également à l’assainissement financier des établissements de santé.

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Inflation : hausse des prix de 0,8 % entre mars et juin 2021

Selon l’Insee, à fin juin l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,8 % sur trois mois. Sans surprise, les prix de l’énergie ont à nouveau fortement progressé (+5,8 %), en raison de la hausse des prix du super sans plomb et du gazole (respectivement +10,1 % et +6,3 %), et malgré la contraction du prix du gaz (-0,8 %). Le prix des produits manufacturés a également augmenté (+0,7 %), tiré par la hausse des prix de l’habillement et des chaussures (+1,9 %). De même, le prix des services est orienté à la hausse (+0,4 %), avec en particulier la croissance du prix des transport (+9,7 %) et dans une moindre mesure de celui du prix des loyers (+2,3 %). Seuls les prix de l’alimentation ont reculé (-0,5 %). La publication est consultable sur le site de l’INSEE.

 Actualités économiques régionales

Croissance : un rebond en 2021, mais insuffisant pour compenser l’impact de la crise sanitaire en 2020

La commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC, ou ECLAC en espagnol) a révisé ses estimations de croissance pour la région, désormais établies à 5,2 % en 2021. Ce rebond, après la chute observée en 2020 du fait de la pandémie de COVID-19 (-6,8 %), ne suffira pas à assurer une croissance soutenue au cours des prochaines années. Ainsi, en 2022, les pays de la zone devraient connaître une progression de leurs PIB de 2,9% en moyenne, soit un ralentissement par rapport au rebond de 2021.
En effet, la région connait des problèmes structurels importants, qui se traduisaient déjà par une faible dynamique de croissance avant 2020. Avec la pandémie, les déséquilibres se sont aggravés, et les inégalités et la pauvreté se sont accrus. Selon la CEPALC, les niveaux d’endettement extrêmement élevés restreignent les marges de manœuvre en termes de politique budgétaire et mettent en péril la croissance future. Dans certains pays de la Caraïbe, l’endettement public excède 100 % du PIB.

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Jamaïque : la politique monétaire en reggae

Compte tenu des taux d’inflation très fluctuants dans le pays (par exemple, des niveaux hauts comme 20 % en 2008 avec la crise financière, ou des niveaux très faibles, comme 2 % en 2016), la banque centrale de Jamaïque s’était fixée en 2017 un objectif de rythme de hausse des prix de 4 à 6 % par an. Afin de permettre l’adhésion de la population aux réformes, la banque centrale a eu l’idée de recourir à la musique, réel vecteur universel de communication. C’est ainsi qu’en 2019, plusieurs groupes et chanteurs de reggae (notamment Tarrus Riley, star jamaïcaine) ont été chargés de créer des clips autour du thème de l’inflation. Ces modes de communication, très novateurs, ont potentiellement contribué au maintien de l’inflation dans sa fourchette cible, avec des taux de de 6,4 % en 2020 et de 4,3 % en juin dernier.