La lettre de l'Institut d'émission
Mai 2022

 

 La voix des Banques centrales

« La multipolarité et le rôle de l’euro dans le système financier international »

Discours - François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France- Paris

Dans ce contexte incertain, notre mission première en tant que banque centrale est une politique monétaire adéquate. Le consensus émerge désormais clairement au sein du Conseil des gouverneurs, comme l’a résumé Christine Lagarde dans son discours de mercredi dernier : pour lutter contre une inflation qui est non seulement plus élevée, mais également plus généralisée, nous devons maintenant normaliser notre politique monétaire. Je n’ajouterai pas de prévision de calendrier précis aux pronostics, nombreux, qui ont déjà été formulés, mais je m’attends à une réunion décisive en juin et à un été actif. Le rythme des étapes suivantes prendra en compte les données relatives à l’activité et à l’inflation effectives avec optionalité et progressivité, mais nous devons nous diriger au moins vers le taux neutre. Et je voudrais souligner ceci : nous surveillerons attentivement les évolutions du taux de change effectif, qui influent significativement sur l’inflation importée. Un euro trop faible irait à l’encontre de notre objectif de stabilité des prix.

D’un point de vue plus structurel, une question fondamentale est de savoir si nous nous dirigeons vers un système financier international fragmenté, aux dépens de la fluidité des échanges et des transactions financières ? Malgré les difficultés, (I) nous ne devons pas abandonner, en tant que « frontière créatrice » à l’horizon, l’idée d’un système financier international fondé sur une coopération multilatérale et (II) nous devons assurément développer le rôle international de l’euro comme une avancée réaliste.

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 Informations économiques et financières

Taux bancaires et cours des devises

Les entreprises ultramarines face à la crise sanitaire

Des chefs d’entreprise optimistes mais prudents - Résultats de l’enquête menée par les agences de l’IEDOM et de l’IEOM

Interrogés en janvier et février dernier, les chefs d’entreprise ultramarins affichent un optimisme mesuré pour 2022, avec une progression anticipée de l’activité de 4 %. Sur cette base, les bassins Antilles-Guyane et Pacifique ne parviendraient pas à retrouver leur niveau d’avant-crise en 2022, alors que la zone Océan Indien a effacé la chute d’activité liée à la crise sanitaire dès 2021.

Les agences de l’IEDOM et de l’IEOM ont mené une enquête auprès d’un millier d’entrepreneurs sur l’activité de leur entreprise au cours du 4ème trimestre 2021 et sur leurs prévisions pour 2022. Sur l’ensemble de l’année 2021, les chefs d’entreprise interrogés estiment à 4 % la hausse de leur chiffre d’affaires par rapport à 2020. Des disparités importantes existent selon les géographies (cf. graphique 1), avec un bassin Océan Indien dynamique (hausse estimée du chiffre d’affaires de 8 %) alors que la zone Pacifique verrait son activité stagner et que les Antilles-Guyane progresseraient de 2 %. Le bassin Océan Indien est ainsi la seule zone ultramarine où la chute d’activité liée à la crise sanitaire de 2020 serait entièrement compensée dès 2021.

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 Actualités de l’Institut et suivi de place

Bilan macroéconomique 2000-2020 : le grand ralentissement de la croissance

L’IEDOM Martinique s’est associée à l’Insee et l’AFD dans le cadre du partenariat CEROM pour publier un bilan macroéconomique de la Martinique. Selon l’étude, l’activité de l’île est passée d’une croissance dynamique entre 2000 et 2008 (+2,9 % en moyenne par an) à une décennie de faible croissance entre 2010 et 2019 (+0,6 % en moyenne par an). Ce ralentissement s’explique essentiellement par la persistance des effets des crises économique et sociale que connaît le territoire en 2009. L’économie montre les signes d’une reprise à partir de 2014 avec un regain des créations d’entreprises et de l’encours des crédits à l’investissement, consolidée fin 2017 par un redémarrage de l’emploi salarié privé. En 2019, l’économie martiniquaise dispose d’autant d’emplois qu’en 2010. En 2020, la crise sanitaire liée à l’épidémie de la Covid-19 met un coup de frein à cette réprise. La croissance martiniquaise chute de -3,9 %, en lien avec le repli de la demande intérieure et des dépenses touristiques .
Selon l’étude, la Martinique sera confrontée à de nombreux défis dans les années à venir, au premier rang desquels la baisse et le vieillissement de sa population, le développement des énergies renouvelables et la rationalisation des finances publiques locales.

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Synthèse annuelle 2021 : un redémarrage de la croissance en ordre dispersé

L’IEDOM Martinique a publié sa synthèse annuelle économique pour 2021. En Martinique, la croissance redémarre en 2021 après la chute enregistrée en 2020. L’indicateur du climat des affaires se hisse dès le premier semestre au-dessus de sa moyenne de long terme. Le chiffre d’affaires du secteur marchand rejoint son niveau de 2019. Le taux de chômage atteint son plus bas historique au 4e trimestre (hors confinement de mars 2020). Toutefois, ce redémarrage s’effectue en ordre dispersé. La recrudescence de la circulation du coronavirus et des cas de décès lors de la 4e vague affaiblit la dynamique économique au second semestre. Contrairement aux autres secteurs, l’hôtellerie, la restauration et l’animation n’enregistrent pas d’’amélioration. Par ailleurs, l’activité repose encore largement sur les mesures de soutien (comme l’activité partielle, le prêt garanti par l’État) et de stimulus (comme le plan France relance). Dans ce contexte, l’envolée des cours mondiaux des matières premières (énergie, hydrocarbures, alimentaire…), tout comme le renchérissement du fret de marchandises pèsent sur les perspectives
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Repli des taux des crédits aux entreprises, évolution contrastée pour les particuliers

Le taux moyen des crédits à l’habitat est stable au 1er trimestre 2021 (1,34 %), avec des montants et une durée moyenne qui diminuent. Les taux moyens de découvert pour les particuliers baissent pour s’établir à 7,71 % alors que les taux moyens des prêts personnels et autres crédits échéancés à la consommation sont en légère hausse à 3,68 % (+6 pdb).
À l’exception de l’immobilier, dont le taux moyen des crédits augmente de 18 pdb (à 1,36 %), les taux des crédits aux entreprises baissent en Martinique au 1er trimestre 2022 : le taux moyen des crédits de découverts se réduit de 670 pdb (5,27 %), il perd 52 pdb pour la trésorerie échéancée (0,68 %) et 7 pdb pour les crédits à l’équipement (1,54 %).
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 Actualités économiques locales

La Martinique accueille la conférence des RUP européennes

La Conférence des Présidents des Régions Ultrapériphériques (RUP) s’est tenue en Martinique du 17 au 19 mai 2022 avec la participation des représentants des États membres, de la Commission Européenne, des présidents des RUP françaises, espagnoles et portugaises, des députés européens ainsi que des représentants des directions thématiques de la Commission Européenne. La nouvelle stratégie de la Commission Européenne pour les RUPs a été présentée et a mis en avant 3 nouveautés : (i) un accent renforcé sur les citoyens et leurs besoins visant à combler les écarts de qualité de vie par rapport aux moyennes nationales ou européennes, (ii) la reconnaissance des RUPs comme des atouts pour l’Union Européenne et (iii) l’augmentation des fonds européens réservés à ces régions (17 milliards pour 2021-2027, contre 13 milliards pour 2014-2020).

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13 communes martiniquaises en première ligne face aux risques de submersion marine

La loi Climat et résilience de 2021 prévoit de nouvelles dispositions face au recul du trait de côte. Parmi les 126 communes françaises qui auront l’obligation de s’adapter en priorité à l’érosion du littoral, 13 sont martiniquaises (Basse-Pointe, Case-Pilote, Saint-Pierre, Grand’Rivière, Le Lorrain, Les Trois-Îlets, Le Prêcheur, Le Robert, Sainte-Luce, Sainte-Marie, Schoelcher, La Trinité, Macouba). Les communes sans « plan de prévention des risques littoraux » devront réaliser la cartographie de l’évolution du trait de côte à 30 ans et 100 ans. Pour les zones qui présentent un risque de submersion dans les 30 ans, les nouvelles constructions seront interdites sur le littoral. S’agissant des zones exposées aux submersions à un horizon de 100 ans, elles restent constructibles avec une obligation de démolition à terme.
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27,4 % des Martiniquais vivent sous le seuil de pauvreté

C’est près de deux fois plus qu’en France hexagonale, selon une étude récente de l’Insee. Ce taux s’explique par la forte proportion de retraités en Martinique : si 71,2 % des revenus des ménages martiniquais proviennent d’une activité, un quart de leurs revenus est issu des pensions de retraite. En effet, 28 % des Martiniquais ont plus de 60 ans. Ce taux s’explique également par le nombre important de familles monoparentales, dont 38,6 % sont touchées par la pauvreté (10 points de plus qu’en France hexagonale). Autre particularité martiniquaise, la part des personnes seules vivant dans la précarité est deux fois plus élevée que dans l’Hexagone (40 % des hommes seuls sont pauvres, 37 % pour les femmes seules). Enfin, de plus grandes disparités de richesses existent entre les communes de Martinique, en raison de la concentration des emplois dans le Centre-Agglomération.
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 Actualités économiques régionales

Nouveaux opérateurs téléphoniques aux Antilles-Guyane

Après avoir obtenu, en 2016, une licence de téléphonie mobile 4G pour les Antilles-Guyane auprès de l’ARCOM, Free a annoncé le 17 mai dernier le lancement de ses nouvelles offres lors d’une conférence de presse. L’opérateur avait annoncé, en 2016, un investissement de 100 millions d’euros afin de s’installer sur le réseau outre-mer, dont 35 millions ont déjà été consommés. Il devient ainsi le quatrième opérateur téléphonique de Martinique, le cinquième en Guadeloupe et en Guyane. L’opérateur entend faire baisser les prix du marché en lançant une offre simple et 5 fois moins chère que celles déjà présentes. Comme le souligne une étude de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR), les tarifs plus élevés en Outre-mer pour les services de téléphonie mobile s’expliquent en partie par des raisons structurelles (coûts plus élevés sur les charges de personnels, de bâtiments, transit Internet depuis la Floride ou à Porto-Rico, taille du marché réduite…), mais aussi par un positionnement tarifaire élevé des opérateurs nationaux destiné « à ne pas troubler le développement de la concurrence par les opérateurs locaux ». Cette offre devrait ainsi contribuer à stimuler la concurrence sur le segment de la téléphonie mobile, et in fine à faire baisser les coûts des services pour les usagers. En effet, dans la foulée, la filiale lowcost RED par SFR a annoncé son implantation dans les Caraïbes avec une nouvelle offre avantageuse.

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Le Bitcoin au Salvador : monnaie légale, mais pas encore moyen de paiement

Trois économistes montrent dans une récente étude que l’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle par le Salvador en septembre 2021 a, pour l’instant, échoué à imposer la crypto monnaie comme un véritable moyen de paiement, et ce, malgré les incitations financières accompagnant son introduction. L’étude s’appuie sur un questionnaire soumis à un panel représentatif de 1 800 Salvadoriens. Les résultats du questionnaire révèlent notamment que 61 % des personnes interrogées ayant téléchargé le porte-monnaie électronique mis à disposition par le gouvernement ne l’ont plus utilisé après avoir retiré ou dépensé les 30 US dollars offerts sous forme de Bitcoin. Par ailleurs, alors que la loi les y oblige, seules 20 % des entreprises salvadoriennes acceptent les paiements en Bitcoin.
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