La lettre de l'Institut d'émission
Mars 2022

 

 La voix des Banques centrales

BIS Innovation Summit : « Les banques centrales dans un monde de DLT » - 22 mars 2022

Discours de François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France

Mesdames, Messieurs,

C’est un plaisir et un honneur pour moi de prononcer ce discours d’ouverture du deuxième sommet de l’innovation de la BRI, qui illustre l’engagement des banques centrales dans le domaine des nouvelles technologies, en particulier à travers le pôle d’innovation de la BRI. Depuis leur création voici près de quinze ans, les technologies du registre distribué (distributed-ledger technologies - DLT) ont évolué et ouvert de nouvelles possibilités, créant des circuits alternatifs et supprimant les intermédiaires, soutenant de nouvelles solutions et cas d’usage. Ces bouleversements sont-ils aussi puissants que ceux opérés par l’invention d’internet il y a trente ans ? Il est probablement trop tôt pour le dire, mais les DLT se développent rapidement et sont susceptibles d’apporter des changements profonds.

L’invention du bitcoin, le premier crypto-actif, résulte de la volonté de créer une nouvelle « monnaie » – j’insiste ici sur les guillemets – ne relevant ni des États ni des banques centrales. Cette invention remonte à 2008, et, depuis, nous avons observé que l’utilisation du bitcoin comme moyen de paiement reste très marginale, car celui-ci ne présente aucune des caractéristiques fondamentales d’une monnaie. Il ne constitue pas non plus une réserve de valeur, mais plutôt un actif spéculatif, qui s’apparente un peu aux bulbes de tulipes aux Pays-Bas au XVIIe siècle.

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 Informations économiques et financières

Taux bancaires et cours des devises

La situation financière des entreprises ultramarines reste satisfaisante en 2020 malgré la crise sanitaire

La crise sanitaire a provoqué une chute d’activité majeure en 2020.

Même si les entreprises, soutenues par les pouvoirs publics, ont pu développer des capacités d’adaptation permettant d’atténuer ce choc, son prolongement en 2021 ne permet pas d’espérer un rebond de l’activité suffisant pour retrouver les niveaux d’avant-crise dans l’ensemble des secteurs. Dans le même temps, la perspective de devoir rembourser les prêts (et notamment les prêts garantis par l’État, PGE) contractés au plus fort des difficultés suppose une situation financière suffisamment solide des entreprises. Il s’agit donc ici de déterminer dans quelle mesure les entreprises ultramarines sont en mesure d’absorber les difficultés liées au prolongement de la crise en 2021, tout en faisant face aux premiers remboursements prévus pour 2022.

Globalement, les entreprises des départements et collectivités d’Outre-mer de la zone euro (DCOM)1 ont assez bien résisté à la crise sanitaire en 2020. Certes, leur chiffre d’affaires s’inscrit en repli de 4,9 % (contre -7,8 % pour la France entière) et leurs ressources financières (mesurées par l’excédent brut d’exploitation, EBE) diminuent de 10,3 %. Elles ont néanmoins réussi à contenir leurs besoins de financement pour l’exploitation courante comme en témoigne la stabilité de leur besoin en fonds de roulement d’exploitation à 42 jours de chiffre d’affaires ; la diminution sensible de leur effort d’investissement liée au climat d’incertitude a contribué à la compression de leur besoin de financement de façon à peu près équivalente à la baisse de leurs ressources.

Ceci explique que l’endettement supplémentaire contracté en 2020 (reflétant en grande partie la mise en place des PGE) n’a pas été utilisé pour financer des dépenses mais pour renforcer leur trésorerie dans un contexte d’incertitude sur la reprise. La rentabilité (aussi bien économique que financière) s’inscrit en baisse sensible tout en restant supérieure à celle des entreprises hexagonales. Au total, seul un quart des entreprises ultramarines a subi une hausse de son endettement brut supérieure à celle de sa trésorerie et une détérioration de la capacité de remboursement de sa dette. 7 % des entreprises subissent des dégradations conduisant à des niveaux inquiétants de trésorerie et d’endettement.

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Taux de chômage de l’OCDE - Mise à jour : mars 2022

Le taux de chômage de la zone OCDE se stabilise à 5,3% en janvier 2022, au même niveau qu’avant la pandémie

10 mar 2022 - Le taux de chômage mensuel de la zone OCDE s’est stabilisé à 5,3% en janvier 2022, soit le même taux que celui enregistré en février 2020, juste avant la pandémie (graphique 1). Il s’agit du taux de chômage le plus bas depuis le début de la série en 2001. Le nombre de personnes au chômage dans la zone OCDE s’est établi à 35,9 millions, soit seulement 0,3 million de plus qu’avant la pandémie.

En janvier, dans la zone OCDE, le taux de chômage des femmes a diminué pour atteindre 5,5% (après 5,6% en décembre), tandis qu’il a été stable pour les hommes, à 5,2% (graphique 2). Néanmoins, seule la moitié des pays de l’OCDE ont affiché un taux de chômage plus faible pour les hommes que pour les femmes.
Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) de la zone OCDE a augmenté en janvier, pour atteindre 11,3%, après 11,2% en décembre 2021.

Dans la zone euro, le taux de chômage a diminué à nouveau en janvier, pour atteindre 6,8% après 7,0% en décembre 2021. Il a baissé de 0,2 point de pourcentage ou plus en Espagne, en Estonie, en France, en Italie, au Luxembourg et en Slovénie alors qu’il a augmenté de 0,2 point ou plus en Grèce, en Lituanie et au Portugal (tableau 1). Dans la zone euro, le taux de chômage des jeunes a diminué pour atteindre 13,9% après 14,2% en décembre, poursuivant ainsi sa tendance à la baisse.

En janvier, le taux de chômage a diminué de 0,3 point au Mexique et de 0,2 point en Corée et en Israël, tandis qu’il a augmenté de 0,5 point au Canada, de 0,3 point en Colombie, de 0,2 point au Danemark et de 0,1 point au Japon et aux États-Unis. Des données plus récentes montrent que le taux de chômage en février 2022 a diminué de 0,2 point aux États-Unis (pour atteindre 3,8%).

Il convient de noter que le taux de chômage ne rend pas forcément compte du niveau de la demande de main-d’œuvre non satisfaite. Certaines personnes qui ne sont pas en emploi peuvent en effet se trouver hors de la population active, et donc non prises en compte par le taux de chômage, parce qu’elles ne sont pas en mesure de chercher activement un emploi ou bien ne sont pas disponibles pour travailler.

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 Actualités de l’Institut et suivi de place

Le climat conjoncturel résiste aux mouvement sociaux

Au 4e trimestre 2021, l’indicateur du climat des affaires (ICA) est stable à 102,3 points par rapport au trimestre précédent (+0,1 point). Le chiffre d’affaires a augmenté ou est resté stable au 4e trimestre pour une majorité des entreprises interrogées. Malgré le renchérissement des prix de l’énergie et d’importantes hausses des prix des intrants, les chefs d’entreprise restent confiants : 9 dirigeants sur 10 prédisent un chiffre d’affaires en progression ou stable pour 2022, et une majorité d’entre eux prévoit d’investir dans les 12 mois.
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10ème édition de la « Global Money Week »

La semaine de l’éducation financière, organisée par l’OCDE, s’est tenue en France, du 21 au 27 mars 2022. Le thème de cette 10ème édition est « Build your future, be smart about money » (« Bâtissez votre avenir, soyez malin avec votre argent ! »). À cette occasion, la Banque de France, l’IEDOM et les partenaires de la stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière (EDUCFI) se mobilisent dans l’objectif de transmettre aux plus jeunes et aux populations les plus fragiles les bases nécessaires à la gestion d’un budget, des finances personnelles ou professionnelles.
Des centaines d’actions de sensibilisation seront ainsi menées partout en France : conférences, ateliers ludo-pédagogiques dans les collèges, lycées et missions locales, formations pour les bénévoles et intervenants sociaux, animations pour adultes en centres d’action sociale et associations de quartier.com
Le correspondant EDUCFI, Hervé LOUIS-JEAN, est intervenu ce mercredi 30 mars auprès des étudiants de 1ère et 2ème année du BTS Banque du Lycée Marius Cultier de Dillon sur la thématique « budget, comptes et moyens de paiement ». Le Responsable du service Etudes, Nicolas GOBALRAJA et la volontaire du service Civique Elise ROUSSINEAU, vont également animer une séance sur le budget pour une classe de CM2 de l’Ecole Primaire Saint Joseph de Cluny. D’autres présentations sont prévues durant le mois d’avril, notamment auprès des bénévoles de l’association Saint-Vincent de Paul. Elles porteront sur le surendettement et l’inclusion bancaire.

 Actualités économiques locales

Hausse des prix à la consommation de 1,1 % sur un mois

Selon la dernière publication de l’INSEE, les prix ont enregistré une hausse de 1,1 % en février 2022, par rapport au mois précédent. Le renchérissement des prix de l’énergie (+6,3 %) compte pour un tiers dans l’augmentation mensuelle des prix. Par ailleurs, les hausses des prix de l’alimentation (notamment +1,9 % sur les produits frais), des produits manufacturés (+4,2 % sur l’habillement et les chaussures), et des services (+6,5 % sur le transport), contribuent également à l’augmentation mensuelle des prix.
Sur un an, les prix s’inscrivent en hausse de 3,9 %, principalement en lien avec la forte évolution des prix de l’énergie (+21,0 %).
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Vers une première ligne aérienne en direction de l’Afrique

Le projet de ligne aérienne entre Dakar et Fort-de-France, lancé en 2020, se précise. Une délégation de l’ASPT (Agence sénégalaise de promotion touristique) était en visite officielle en Martinique ce mois-ci. Elle a ainsi rencontré les autorités locales, ainsi que des acteurs publics et privés dans les domaines du transport aérien et des voyages organisés. Un accord de protocole a été signé entre le Comité martiniquais du tourisme et l’ASPT.
Pour autant, l’ouverture de cette liaison aérienne est loin d’être imminente. Le processus vient à peine de commencer : les procédures administratives, diplomatiques et réglementaires doivent être finalisées et une étude économique doit être réalisée pour établir le prix des billets.
Cette nouvelle ligne aérienne s’inscrit plus largement dans le projet de développement de la destination touristique « Martinique », auquel contribuent l’extension et la modernisation de l’aéroport Aimé Césaire ainsi que le retour des compagnies aériennes American Airlines et Air Belgium en rotations vers les Etats-Unis et Bruxelles respectivement.

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Des écarts de salaires hommes / femmes importants dans la fonction publique

L’Insee a publié une étude sur les différences de rémunération au sein de la fonction publique. Elle révèle que les hommes gagnent en moyenne 16 % de plus que les femmes dans la fonction publique d’État (FPE), et 8 % de plus dans la fonction publique territoriale (FPT).
Dans la FPE, ces écarts de salaire sont principalement liés à la ségrégation professionnelle, c’est-à-dire au fait que les femmes et les hommes occupent des emplois différents en termes de professions et de niveau hiérarchique, à âge, localisation et durée de travail identiques.
Dans la FPT, les écarts de rémunération s’expliquent en premier lieu par la durée de travail, 8 % des femmes ayant recours au temps partiel contre 2 % des hommes.

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 Actualités économiques régionales

Salvador : création d’une crypto-obligation

Le Salvador a annoncé la création d’une crypto-obligation émise par l’entreprise étatique d’énergie thermique LaGeo. Elle sera adossée à la réserve de bitcoins du pays et le taux d’intérêt devrait atteindre 6,5 % à 10 ans. Suite à des promesses de souscription importantes, le gouvernement du Salvador espère engranger 1,5 milliard de dollars grâce à cette opération. La date de lancement n’est pas encore connue.
Pour rappel, le Salvador a adopté le Bitcoin comme monnaie légale (au même rang que le dollar) depuis le 7 septembre 2021.

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Conséquences de la guerre en Ukraine pour l’Amérique Latine et les Caraïbes

Selon le Conseil monétaire centraméricain, le principal risque induit par le conflit ukrainien pour la région centraméricaine concerne la pression inflationniste imposée par la hausse des cours des matières premières. L’organisation estime ainsi que l’inflation atteindra 8,7 % en 2022 contre 5,7 % en 2021. Le Mexique, a choisi de maintenir ses exportations de pétrole brut en raison du récent rebond des prix (qui devait être réduit de moitié) et devrait utiliser ces excédents pour subventionner la hausse des coûts du pétrole. Au Panama, la guerre russo-ukrainienne menace la sécurité alimentaire avec l’augmentation du prix des engrais et des carburants et le manque de disponibilité des céréales. Pour les Caraïbes, la guerre en Ukraine devrait peser fortement sur le secteur du tourisme qui se remet à peine de la crise sanitaire. L’incertitude et l’augmentation des prix des billets risquent de décourager les touristes.