Page 25 - Rapport annuel économique 2022 - Guadeloupe
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 commissaire de la République à la Guadeloupe qui est chargé d’appliquer le décret du 4 février. Un régime de terreur s’installe et les planteurs ne se soumettant pas aux lois de la Convention sont traduits devant un tribunal révolutionnaire, poussant ainsi une partie des colons d’origine aristocratique à émigrer vers la Martinique, toujours anglaise à l’époque. En 1802, Louis Delgrès, colonel de l’armée française, affecté à la protection de la Guadeloupe, résiste avec Joseph Ignace aux troupes du général Richepance, envoyées par Bonaparte pour rétablir l’esclavage. Le 23 mai 1802, Delgrès et 300 compagnons se suicident à l’explosif à Matouba. Rétabli en 1802, ce n’est qu’en avril-mai 1848 que l’esclavage sera définitivement aboli, au terme de luttes pour la liberté et les droits de l’homme aux Antilles, menées notamment par Victor Schœlcher1 sur le plan politique et nourries de révoltes d’esclaves.
Entre 1854 et 1885, l’économie étant toujours fondée sur la culture de la canne à sucre, plus de 45 000 Indiens provenant des comptoirs de l’Inde viennent travailler aux Antilles. Nombreux sont ceux qui restent sur place à la fin de leur contrat quinquennal. Alors que l’entrée dans la IIIe République en 1870 apporte un réel progrès sur le plan des droits politiques, le niveau de vie de la population ne connut une amélioration significative que vers le milieu du XXe siècle. De 1870 à 1914, la crise sucrière affecte fortement la Guadeloupe, les propriétés se concentrent au profit des usines appartenant aux industriels métropolitains. L'économie sucrière poursuit son développement, mais avant la Première Guerre mondiale, l’exportation de la banane et du rhum commence à la concurrencer.
3. LA PÉRIODE CONTEMPORAINE
Le 19 mars 1946, l’Assemblée nationale érige la colonie de Guadeloupe en département français d’outre-mer (DOM). Ce nouveau statut provoque de profonds bouleversements de la société guadeloupéenne. Il transforme sa structure économique, permet de développer ses infrastructures et modifie progressivement les conditions sociales.
Au cours des décennies 70 et 80, la Guadeloupe est affectée par deux catastrophes naturelles : en 1976, le réveil de l’activité volcanique de la Soufrière et, en 1989, le passage du cyclone Hugo (catégorie 5) qui dévasta l’archipel dans la nuit du 16 septembre.
L’adoption de la loi du 31 décembre 19822 fait de la Guadeloupe une région monodépartementale qui devient l’une des 26 régions françaises.
En mars 2003, la loi constitutionnelle relative à l’organisation décentralisée de la République instaure la possibilité d’évolutions statutaires des collectivités ultramarines. Le 7 décembre 2003, une consultation de la population est organisée en Guadeloupe sur un projet d’évolution institutionnelle vers une collectivité unique se substituant au département et à la région. Le « non » l’emporte à 72,5 %. Dans le même temps, Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont consultées sur la création, dans chacune de ces îles, d'une collectivité d'outre-mer se substituant à la commune, au département et à la région. Les électeurs approuvent cette perspective à respectivement 76,2 % et 95,6 % des voix. La loi du 21 février 2007, portant les dispositions statutaires et institutionnelles relatives à l’outre-mer, en prend acte et crée les deux nouvelles collectivités de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy.
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1875), de la Guadeloupe (1849 et 1850-1851) et sénateur inamovible (1875-1893) (source : Assemblée nationale).
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  Victor Schœlcher est un homme politique français né en 1804 et mort en 1893. Il a notamment été député de la Martinique (1848-1849 et 1871-
Loi n°82-1171 du 31 décembre 1982 portant organisation des régions de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de La Réunion.
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