Page 23 - Rapport annuel économique 2022 - Martinique
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Section 2 L’histoire 1. LES PREMIERS PEUPLEMENTS L’histoire de la Martinique est étroitement liée à l’expansion coloniale des Européens dans la Caraïbe. Toutefois, des fouilles archéologiques ont permis d’estimer les premiers peuplements au premier siècle avant notre ère, par des populations amérindiennes, les Arawaks, venus du bassin de l’Orénoque (actuel Venezuela). Entre le Xe et le XIVe siècle, les indiens caraïbes, venus des Guyanes, s’installent dans l’île. L’arrivée des Caraïbes provoque un bouleversement dans la région, au rythme de leur conquête progressive des îles de l’arc antillais. 2. LA PÉRIODE COLONIALE Les Européens découvrent la Martinique le 15 juin 1502, date de l’arrivée de Christophe Colomb sur le site de l’actuelle commune du Carbet. Appelée Madinina, « île aux fleurs », ou Iouanacera, « île aux iguanes », la Martinique devient française le 15 septembre 1635, lorsque Pierre Belain d’Esnambuc y fonde la première colonie. Rattachée à la Compagnie des îles d’Amérique créée par le Cardinal de Richelieu pour gérer les colonies de la Couronne de France, elle devient une terre française administrée et exploitée par une compagnie commerciale. La cohabitation entre les Français et les Caraïbes est marquée par des périodes alternées d’entente et de conflits sanglants qui aboutissent au départ des Caraïbes1 à la fin du XVIIème siècle. L’indigo, le café et la canne à sucre constituent tour à tour les cultures qui se développent dans l’île, dans le cadre d’un système économique fondé sur l’esclavage. La traite transatlantique charrie en Martinique et dans toute la Caraïbe des centaines de milliers de captifs originaires pour l’essentiel d’Afrique occidentale. En 1674, Louis XIV révoque le privilège de la Compagnie des Indes occidentales, qui a succédé à la Compagnie des îles d’Amérique en 1664, et retrouve une autorité directe sur l’île. À partir de 1685, l’organisation économique et sociale de la Martinique est encadrée par le « Code noir ». Au cours du XVIIIème siècle la société martiniquaise est marquée par les influences révolutionnaires et l’opposition entre les mouvements pro et antiesclavagistes. Si la Convention vote l’abolition de l’esclavage en 1794, celle-ci n’entrera pas en vigueur en Martinique en raison de son occupation militaire par la Couronne britannique, soutenue par les colons royalistes. La Martinique est rétrocédée à la France en 1802 par le traité d’Amiens. Napoléon Ier y rétablit officiellement l’esclavage. Dans la première moitié du XIXème siècle, la Martinique commence à souffrir de la concurrence de nouveaux producteurs de sucre de canne, au premier rang desquels Cuba, Porto Rico et le Brésil. L’essor de l’industrie sucrière de betterave en France métropolitaine au milieu du siècle et la chute des cours internationaux achèvent de plonger les habitations martiniquaises dans la crise. La cause antiesclavagiste progresse sous la monarchie de Juillet. Le 5 mars 1848, Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’État aux colonies forme une commission d’abolition de l’esclavage dont les travaux aboutissent à la signature du décret 1 Leurs traces demeurent dans la toponymie (les communes de Case-Pilote et de Rivière-Pilote tirent leur nom d’un chef caraïbe), ainsi que dans le nom vernaculaire de plantes (manioc) ou d’animaux (anoli, manicou) et par la présence de nombreux sites précolombiens, le principal étant celui de Vivé entre Macouba et Basse-Pointe. 23