Page 24 - Rapport annuel économique 2022 - Martinique
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d’abolition par le gouvernement provisoire de la République le 27 avril 1848. La révolte des esclaves de Saint-Pierre précipite l’entrée en vigueur du décret en Martinique le 22 mai 1848. Lors du Second Empire (1852-1870), marqué par un retour au centralisme politique, les pouvoirs locaux sont soumis à l’autorité du gouverneur de l’île. La IIIe République intègre progressivement la Martinique dans ses institutions : le suffrage universel est instauré en 1870 et l’Assemblée nationale attribue aux Antilles une représentation au Parlement en 1875. La production du sucre s’est peu à peu déplacée des habitations aux usines sucrières. 3. LA PÉRIODE CONTEMPORAINE L’entrée dans le XXe siècle est marquée par l’éruption de la Montagne Pelée en 1902 qui détruit entièrement la ville de Saint-Pierre, tuant tous ses habitants (30 000 morts environ) à l’exception de Louis-Auguste Cyparis, un prisonnier, et de Léon Compère, cordonnier. Le centre économique de l’île se déplace alors de Saint-Pierre à Fort-de-France. La Martinique participe à l’effort de guerre en 1914 par le biais d’un contingent d’une dizaine de milliers de combattants. À cette époque, les premières revendications assimilationnistes apparaissent. Dès 1939, la Martinique réclame par une résolution unanime le statut de département. Portées après la Seconde Guerre mondiale par certains leaders communistes, dont le brillant professeur de français Aimé Césaire (1913-2008) qui est élu maire de Fort-de-France et député, ces revendications aboutissent au vote de la loi du 19 mars 1946 dite « de départementalisation » qui fait de la Martinique un département français. Alors que le secteur agricole demeure la première activité de l’île, les années 1950 signent le déclin de l’industrie sucrière. Elles témoignent également de l’émergence d’une nouvelle génération de Martiniquais : les moins de vingt ans représentent ainsi 51 % de la population en 1961. En 1963, pour atténuer les effets de l’accroissement démographique et du chômage, le Bureau des migrations des départements d’outre-mer (BUMIDOM) organise l’émigration vers la Métropole de près de 16 500 Martiniquais. Parallèlement, dans les années 1960, naissent les premières revendications indépendantistes, stimulées par l’avènement d’une nouvelle classe d’âge dans le paysage politique martiniquais, frustrée par la lenteur des progrès de la départementalisation et inspirée par l’achèvement de la décolonisation d’îles voisines. Les années 1970 voient la mise en place d’infrastructures modernes. Le réseau routier passe de 940 kilomètres en 1 953 à 1 500 kilomètres en 1972. L’avion transporte 75 000 passagers par an au début de la décennie. La population, qui accède désormais à un système d’enseignement (l’université des Antilles et de la Guyane est installée en 1972) et une protection sociale harmonisée, gagne en niveau de vie. L’économie de la Martinique se transforme rapidement et le salaire minimum augmente. Au début des années 1970, le coût de production du sucre est supérieur à son prix de vente, entérinant le déclin du secteur au bénéfice des activités de services. La modernisation et la tertiarisation de l’économie martiniquaise augmentent sa dépendance aux importations, dont le taux de couverture diminue à 28 % en 1975 (contre un taux égal à 100 % au lendemain de la Seconde Guerre mondiale). L’adoption de la Constitution de la Ve République et son article 73, le mouvement de décentralisation politique dans les années 80 et la reconnaissance de son statut ultrapériphérique dans les années 90 par les instances européennes ont favorisé la réflexion sur l’adaptation du statut de la Martinique (et des DOM). La révision constitutionnelle de mars 2003, puis le referendum de 2010 ouvrent ainsi la voie à la fusion, en 2015, des conseils régional et général en une institution unique, la CTM (Collectivité territoriale de Martinique). 24