Page 21 - Rapport annuel économique 2022 - Mayotte
P. 21
À partir des années 1970, l’histoire politique de Mayotte est marquée par des tensions sociopolitiques avec les Comores et par l’hésitation de la France à lui octroyer un statut durable.
L’Islam, religion pratiquée par une grande majorité de la population2, exerce un rôle de régulateur social au sein de la société. Bien que le français soit la langue officielle de l’île, les Mahorais conservent l’usage du shimaoré (d’origine africaine et dérivé du swahili) et du shibushi (d’origine malgache), qui constituent les deux principales langues vernaculaires de Mayotte.
La marche vers la départementalisation
À l’inverse des autres îles de l’archipel des Comores, qui ont réclamé leur indépendance dès les années 1950, Mayotte a affirmé à de nombreuses reprises son attachement à la France. En 1974, à la veille de l’indépendance des Comores (obtenue en 1975), la population mahoraise refuse le détachement de la Métropole à plus de 60 %. Elle confirmera ce choix deux ans plus tard à l’occasion du référendum d’autodétermination de 1976 en approuvant à 99,4 % son maintien au sein de la République française en tant que TOM.
En 2001, Mayotte devient une collectivité départementale et, le 29 mars 2009, la population s’exprime à 95,2 % en faveur de la transformation de Mayotte en Département et Région d’Outre- mer (DROM). Le 31 mars 20113, la collectivité départementale de Mayotte devient le 101e département français (5e département d’Outre-mer), fait partie des Pays et territoires d’Outre-mer (PTOM) et exerce désormais les compétences dévolues aux DROM.
De la politique de rattrapage vers le développement durable de Mayotte
Au cours des dernières années et sous l’impulsion principale des dépenses et des transferts publics (dotations budgétaires, relèvement des minima sociaux, nouvelles prestations, indexation des salaires publics...), la politique de rattrapage conduite à Mayotte s’est traduite par une croissance économique rapide et par un accroissement du niveau moyen de vie de la population. Le taux d’équipement de la plupart des ménages mahorais (logement, équipement électroménager, véhicule, téléphonie mobile et internet...) se développe, malgré la persistance de disparités territoriales et de revenus très importantes.
Cependant, le développement durable de l’île n’est pas encore achevé : la mise à niveau des infrastructures de base (transport, logement, gestion de l’assainissement, traitement des déchets, protection de l’environnement...) est loin d’être achevée.
L’accession au statut de RUP et l’arrivée des fonds structurels européens constituent, à cet égard, une opportunité historique à saisir pour parachever les changements économiques et sociaux en cours et les traduire en amélioration effective des conditions de vie des populations. Ils devront être dirigés dans les secteurs prioritaires de l’éducation et de la formation, de la santé, des infrastructures urbaines et de l’environnement.
2 Le chiffre fréquemment utilisé est celui d’une population mahoraise à 95 % musulmane.
3 Précisément, lors de la première réunion suivant le renouvellement de l’assemblée délibérante.
19