Le réseau réunionnais de distribution des carburants se différencie de celui de la France métropolitaine par la fixation par les pouvoirs publics d’un prix maximum, une densité de stations-service plus élevée et un modèle privilégiant l’emploi. Les stations service de l’île emploient ainsi 10 salariés en moyenne par station, contre un peu moins de 6 en métropole.
Ce modèle de distribution, plus favorable à l’emploi, est rendu possible grâce à une marge commerciale relativement plus élevée : la moitié des stations-service enregistre un taux de marge commerciale supérieur à 12,6 % à La Réunion contre 9,4 % en métropole en 2019. Une station-service réunionnaise génère néanmoins un excédent d’exploitation relativement proche de celui observé dans des stations traditionnelles en métropole. Des disparités apparaissent toutefois selon l’importance de la boutique. Une activité additionnelle (ventes de cigarettes, de boissons, etc.) permet de dégager une marge commerciale supplémentaire et, ainsi, une meilleure rentabilité pour les stations avec une forte activité Boutique (taux d’EBE supérieur de 2 points). Enfin, l’on constate des logiques d’exploitation différentes entre locataire-gérant et propriétaire.
La transformation de la mobilité des Réunionnais (développement de l’offre de transports publics illustrée par la récente ouverture de la première ligne téléphérique de Saint-Denis, essor de la mobilité électrique) et la perspective d’une interdiction de la vente de véhicules à moteur thermique à l’horizon de 2035 devraient bouleverser le modèle économique des stations-service. D’ici 2035, les projections de l’IEDOM indiquent une baisse de 10 % à 33 % des ventes de carburants par rapport à 2019, selon la pénétration des véhicules électriques dans le parc de La Réunion (de 20 % à 40 % de véhicules électriques). Le maillage territorial en stations service de l’île va donc évoluer au cours des prochaines années. Certaines stations, en particulier de petite taille ou à faible zone de chalandise, devront vraisemblablement se réinventer en « centre de services ».