Une vulnérabilité accrue
Les territoires d’Outre-mer n’ont pas échappé à la succession de chocs ayant affecté l’économie internationale au cours des dernières années. Aux conséquences de la crise sanitaire de 2020 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 s’est ajouté au début de 2025 l’incertitude née d’une politique douanière américaine erratique. Ils ont également souffert de leurs propres vulnérabilités d’origine économique, sociale, politique ou géophysique : protestations contre la « vie chère » en Martinique ; cyclones Chido à Mayotte, Belal et Garance à La Réunion ; émeutes en Nouvelle-Calédonie notamment.
Une dynamique économique enrayée
Ces multiples chocs ont nui au climat des affaires en 2024. Une majorité d’entreprises a vu son chiffre d’affaires diminuer. La hausse des défaillances et des radiations d’entreprise s’est poursuivie tandis que les créations d’entreprises plafonnaient en général, voire s’effondraient en Nouvelle-Calédonie. Il en est résulté une baisse de l’emploi dans la plupart des territoires, un essoufflement de la consommation des ménages et une hausse des incidents de crédit. À court terme, les perspectives d’activité sont peu favorables. À Mayotte et en Nouvelle-Calédonie en particulier, une proportion croissante d’entreprises anticipe une défaillance dans les douze mois à venir.
La mobilisation des politiques économiques
En réponse, un net assouplissement de la politique monétaire au cours des seize derniers mois, à travers la baisse de 175 points de base des taux d’intérêt directeurs, a permis d’enclencher une baisse du coût du crédit, et ainsi soutenir les dépenses de consommation et d’investissement. Cependant, la politique monétaire n’a pas d’impact sur la croissance à long terme, qui dépend de facteurs tels la productivité, la qualité de l’éducation, la cohésion sociale ou encore la maîtrise de la dette publique. Compenser les vulnérabilités des économies d’Outre-mer par des transferts fiscaux et sociaux en faveur des ménages et des entreprises ne suffit pas non plus. C’est une transformation en profondeur qui paraît aujourd’hui nécessaire. Elle consiste à : i) renforcer la concurrence ; ii) faciliter le portage des projets (en simplifiant les processus administratifs) et réduire les délais de paiement ; iii) améliorer le fonctionnement des marchés des biens et services et du travail ; iv) concentrer l’effort d’investissement sur la modernisation des ports (pour réduire les coûts d’approvisionnement et élargir les débouchés commerciaux), la transition énergétique (pour réduire les émissions de carbone et mieux maîtriser les coûts énergétiques) et l’autonomie alimentaire (pour réduire la dépendance aux importations et alléger le coût de la vie).