Page 85 - Rapport annuel économique 2022 - Mayotte
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1) Une mise aux normes progressive de la filière bovine
En 2020, la DAAF estime à environ 1 350 le nombre d’exploitants bovins, basés pour la plupart au centre de l’île, et à 25 000 têtes le cheptel bovin viande.
Depuis plusieurs années, les autorités procèdent également à une identification des ruminants par le biais de la délivrance d’un passeport5 permettant un meilleur suivi sanitaire des animaux et une mise aux normes des élevages. Le secteur bovin apparaît comme le mieux couvert par ces procédures d’identification. Toutefois, la pratique est encore peu développée. Le cheptel bovin ne serait identifié qu’à 37,1 % (9 270 têtes).
Par ailleurs, en l’absence d’abattoir, les bovins sont abattus et les produits agricoles transformés en dehors de tout circuit officiel de commercialisation.
2) Une filière avicole dynamique
La filière « poules pondeuses » est dynamique à Mayotte, la commercialisation d’œuf étant majoritairement assurée par le marché local. La filière s’organise autour de trois grands acteurs : AVIMA, ferme avicole moderne et intensive (poussinière et poulaillers - autour de 50 000 pondeuses), OVOMA (centre de conditionnement et commercialisation) et la COMAVI, coopérative des éleveurs de poules pondeuses. Le cheptel total sur Mayotte s’élevait à environ 88 000 poules en 2020.
La filière « poulet de chair » s’est structurée en 2017, suite à un appel à projet européen. Les deux acteurs au centre de la filière, AVM (groupement d’éleveurs) et VOYAMA (SAS à vocation GIEE6), ont permis de fédérer les éleveurs indépendants pour accéder au marché. La production est exponentielle : en 2022, la mise sur le marché de cette viande par AVM représente 360 tonnes, contre 12 tonnes en 2020 et 184 en 2021. Malgré le dynamisme de cette filière, la production locale ne représente qu’un faible pourcentage (3,5 %) des produits commercialisés. En effet, Mayotte importe chaque année plus de 15 000 tonnes de viande de volailles surgelées à bas coût. Une évolution est attendue suite à l’inauguration en 2021 d’un nouvel abattoir, porté par AVM et qui devrait permettre de fournir 10 % de la production de poulet à chair mahoraise à l’horizon 2026.
3) Une filière lait qui se développe
En 2018, la filière « lait » à Mayotte commence à se structurer et à se formaliser autour de la coopérative « Uzuri wa dzia »7, lauréate des assises d’outre-mer la même année. Regroupant 7 éleveurs adhérents, la coopérative se charge de la collecte du lait, de sa transformation en lait caillé et de sa commercialisation. Cette mutualisation évite aux agriculteurs d’investir individuellement dans des ateliers de transformation et leur offre un accès régulier au marché.
En 2022, la coopérative a produit 60 000 litres de lait et souhaite augmenter cette production pour 2023. L’accent est mis sur l’installation et la modernisation des outils de travail des éleveurs afin d’augmenter le nombre de tête par élevage (Aujourd’hui entre 5 et 20 pour un objectif en 20 et 30). La coopérative s’est munie d’une conditionneuse et d’outils industriels afin de proposer courant 2023 des yaourts et du lait pasteurisé produit sur l’île.
La structuration de cette filière n’est encore qu’à ses prémices et se heurte à la difficile adaptation des normes sanitaires européennes au contexte mahorais. En outre, « Uzuri wa dzia » s’insère dans une niche de marché qui n’a pas vocation à répondre à la demande globale locale de produits laitiers. Mayotte importe chaque année entre 5 000 et 6 000 tonnes de lait liquide.
5 Obligation déclarative auprès de la Base de données nationale d’indentification (BDNI). 6 Groupement d’intérêt économique et environnemental.
7 « La beauté du lait », en shimaoré.
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