Page 87 - Rapport annuel économique 2022 - Mayotte
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restant : seuls 23 % des agriculteurs déclarent10 par exemple disposer d’un titre de propriété ou d’un bail écrit. Cette absence de foncier titré pénalise les agriculteurs qui ne peuvent pas bénéficier des aides accordées dans le cadre de projets de modernisation.
Ainsi l’établissement foncier d’aménagement (EPFAM) en collaboration avec les services de l’Etat ont mis en place des objectifs de réorientation des terres cultivé de manière personnelle vers des agriculteurs formalisés. Les surfaces agricoles appartenant à l’Etat sont également sollicitées par le biais de baux ruraux à destination d’agriculteurs souhaitant s’installer, un projet de 30 ha de foncier agricole dans à zone Ouangani-Sada est en cours de finalisation11.
Les agriculteurs sont également confrontés au coût élevé du foncier, le prix moyen des ventes de foncier agricole s’établissant à 18€/m2 alors que le prix supportable pour viabiliser le modèle économique est situé autour de 5€/m2. Pour atténuer cette situation, l’EPFAM souhaite initier un marché foncier agricole afin d’endiguer la spéculation foncière. Ainsi, le droit de préemption permet la mise en place d’une révision des prix et un contrôle du marché. En effet, le foncier est considéré aujourd’hui comme un investissement face à la raréfaction des terres agricoles et à l’urbanisation galopante : les propriétaires attendent le déclassement de leurs parcelles en espérant faire une plus-value à la vente12.
1.2.3 La difficile structuration du secteur
Malgré une importante demande du marché local, l’agriculture mahoraise peine à se professionnaliser. Peu de chefs d’exploitation disposent d’une formation agricole. En outre, la non- stabilisation du foncier rend les installations professionnelles difficiles et entrave l’accession aux financements publics et bancaires.
Le métier de cultivateur n’est pas encore considéré comme une activité qui peut être suffisamment rémunératrice pour l’exercer à temps plein. D’une part le coût du travail est élevé, le travail du sol se fait essentiellement manuellement et les exploitations agricoles sont sous-équipées (absence de systèmes d’irrigation, de machine de collecte, etc.). De plus, le modèle d’agriculture mahorais repose sur des surfaces d’exploitation relativement réduites, ce qui contraint les économies d’échelle. D’autre part les prix de vente sont tirés à la baisse par la concurrence des pays voisins (Comores, Madagascar etc.) dont les coûts de production sont significativement plus faibles.
Les faibles capacités des structures normalisées de collecte, de transformation et de commercialisation (abattoir, plate-forme de commercialisation, etc.) constituent par ailleurs une entrave à l’écoulement de la production. Nombre de parcelles sont enclavées, et les cultivateurs ne disposent pas de moyens pour acheminer leur production vers les lieux de commercialisation et ont besoin pour cela de l’intervention d’un tiers (CAPAM, Coopérative etc..). De plus, l’absence d’atelier de transformation (en dehors du lycée agricole de Coconi) et de lieu de stockage ne permet ni de compenser les ruptures d’approvisionnement liées aux aléas climatiques ni de valoriser les surproductions saisonnières.
Enfin, la recrudescence des vols et la destruction d’une partie de la production (animaux, insectes, maladies, aléas climatiques, etc.) ne favorisent pas le développement d’une activité
10 Évaluation thématique « Appui aux porteurs de projets » du PDR de Mayotte 2014-2020
11 Plan stratégique de développement 2022-2026, EPFAM
12Soilihi T., G. D. (2017). Conflits d'usage en outre-mer - un foncier disponible rare et sous tension (rapport d'information fait
au nom de la délégation sénatoriale aux outre-mer).
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