les travaux visent à améliorer l’attractivité du centre, notamment pour des petits lanceurs. Ils s’achèveront en 2024. Deux lanceurs privés sont d’ailleurs entrés en négociation avec le CSG. Parmi les autres projets, celuidu moteur Prometheus a débuté en 2016. Ilconsiste au développement d’un moteur à très bas coût pouvant être utilisé sur des lanceurs conventionnels ou réutilisables. Cette nouvelle famille de moteurs aura un coût de production dix fois inférieur à celui d’Ariane 5. Depuis novembre 2015, le CNES et les agences spatiales allemande et japonaise ont initié le développement d’un petit lanceur spatial entièrement réutilisable nommé Callisto110 . Son premier vol est prévu à Kourou courant 2022. Un autre démonstrateur de premier étage, Thémis, est en projet depuis 2019 et associe le CNES, ArianeGroup et d’autres partenaires sous l’égide de ArianeWorks111. Ses essais complets sont programmés pour 2025. Callisto, puis Thémis, doivent démontrer la capacité des Européens à utiliser la nouvelle technologie de lanceurs réutilisables. 2.3 L’IMPORTANCE DE L’ACTION PUBLIQUE L’accès à l’espace fait partie des conditions de l’indépendance stratégique des États. L’essor du secteur demeure donc dépendant des politiques spatiales de ces derniers. En effet, les États achètent des satellites via leurs agences spatiales, effectuant des lancements et soutenant des entreprises privées via des subventions112. Ainsi,Arianespace bénéficie d’une contribution financière des États membres de l’ESA (environ 120 M€ par an). Selon Arianespace, la société SpaceX réaliserait quant à elle une discrimination par les prix en proposant ses services à des montants deux fois supérieurs sur le marché institutionnel américain par rapport au marché commercial ; ce qui constitue un moyen indirect de bénéficier de subventions. Un budget record de 14,4 Mds€ a par ailleurs été alloué à l’ESA pour la période 2020-2024, dont 7,2 Mds€ en 2022 (6,5 Mds€ en 2021). Néanmoins, le budget de l’ESA reste inférieur à celui de la NASA, qui s’élève à 23,3 Mds$ pour la seule année 2021.Les concurrents américains d’Arianespace bénéficient exclusivement de ce marché car le « Buy American Act » empêche une entreprise étrangère de se positionner sur le marché du transport de satellites institutionnels. Ainsi, pour soutenir sa politique face à ses concurrents, l’ESA a soumis à ses Etats membres une résolution à l’été 2021 visant à garantir la pérennité d’Ariane 6 en s’engageant sur un nombre minimum de lancements institutionnels, pour un effort supplémentaire de 140 M€ par an durant 6 ans. La nature du projet spatial européen implique une règle de retour géographique : dans la mesure où 13 pays participent à la fabrication d’Ariane 6, les emplois générés doivent être distribués géographiquement à hauteur des apports au budget. Toute une chaine logistique est 110Cooperative Action Leading to Launcher Innovation in Stage Toss-back Operations. 111 ArianeWorks est le fruit d’une démarche pour l’innovation des futurs lanceurs et tournée vers la coopération entre start- up, laboratoires et industriels. 112Certains secteurs stratégiques, dont le spatial, sont structurellement déficitaires en raison de coûts extrêmement élevés, notamment en recherche et développement, qui ne peuvent être rentabilisés sur des marchés étroits et concurrentiels. Les États, conscients des enjeux stratégiques de ces filières, les soutiennent donc financièrement via des commandes publiques et des subventions. 98