Section 5 Le microcrédit196 Le microcrédit favorise une sortie de la précarité en palliant les difficultés de financement et en agissant en faveur de l’officialisation du travail indépendant informel. Il contribue à améliorer les conditions de travail et permet une meilleure couverture sociale. En ce sens, il constitue une réponse à l’exclusion, notamment bancaire. Avec une précarité prégnante sur le territoire, illustrée par un taux de chômage élevé (environ 15 %) et de nombreux bénéficiaires du RSA (13 % de la population en âge de travailler), couplée à un faible niveau de bancarisation (0,5 compte de dépôts à vue par habitant contre plus du double aux Antilles et en Métropole), le microcrédit trouve tout son sens en Guyane. Celui-ci s’organise autour de plusieurs réseaux non bancaires : l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), les plateformes Initiative Centre-Est Guyane (ICEG) et Initiative Ouest Guyane (IOG) qui représentent le réseau Initiative France, et le Réseau Entreprendre Guyane (REG). Bpifrance est venue renforcer l’offre de financement avec le Prêt de Développement Outre-Mer (PDOM) lancé en juillet 2017. Les banques traditionnelles financent quant à elles peu de projets directement sous la forme du microcrédit. En effet, l’accès à un guichet bancaire et aux services financiers est difficile dans une grande partie du territoire. D’autre part, le microcrédit est peu rentable, relativement risqué et les garanties souvent insuffisantes des débiteurs (faiblesse des fonds propres, plan de financement déséquilibré, projet inadéquat ou non viable, etc.).En revanche, les banques sont des partenaires essentiels aux organismes de microcrédit car elles assurent leur refinancement (notamment l’AFD qui finance les holdings des IMF197).De plus, la qualité d’instruction des dossiers et l’accompagnement des porteurs de projet ont un effet catalyseur sur le crédit bancaire qui complète les financements, soit par un microcrédit classique soit par un prêt d’honneur. Evolution du microcrédit professionnel à l'Adie En 12 ans, le microcrédit s’est 800 4 considérablement développé sur le territoire : 700 3,5 +13,5 % en moyenne par an depuis 2008 (160 600 3 octrois). En 2020, l’encours total de microcrédit 500 2,5 400 2 s’élève à environ 5 M€ (prêts d’honneur inclus). 300 1,5 200 1 L’Adie, principal acteur, concentre plus de 100 0,5 72 % de l’encours total (3,6 M€), soit au total 731 0 0 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 microcrédits professionnels. Nombre de microcrédits octroyésEncours de microcrédit (ech.d.) Source : Adie 196 Cf. note de l’IEDOM relative au microcrédit en Guyane : https://www.iedom.fr/guyane/publications/etudes- thematiques/article/le-microcredit-en-guyane-6717. 197IMF désigne une Institution de microfinance qui est une entité (ONG, association, mutuelle, coopérative, société commerciale, etc.) délivrant des services financiers de proximité à des populations ayant des difficultés d’accès au système bancaire traditionnel.Ces structures sont autorisées à refinancer leur activité par des fonds propres ou par des fonds empruntés auprès des banques et des sociétés de financement. 167 snoilliM