Cependant, ce projet de grande ampleur a fait l’objet de nombreuses controverses. Fin février 2019, une étude réalisée pour la WWF revoyait à la baisse les estimations de retombées économiques et avertissaitsur l’impact environnementaldu projet. Si en mai 2019 le gouvernement avait acté son abandon, cette décision a été contestée en décembre 2020 par le tribunaladministratif de Cayenne, qui enjoignait à l’État de prolonger les concessions de la Montagne d’or. Cette décision ayant été confirmée par le tribunal d’appel de Bordeaux, le Ministre de l’Économie s’est par la suite pourvu en cassation devant le Conseil d’État, qui n’a pas encore rendu sa décision.Dans la continuité de cette jurisprudence, en février 2022, le Conseil constitutionnel a déclaré contraires à la Charte de l’environnement les dispositions de l’ancien code minier sur le renouvellement des concessions minières dites perpétuelles, ce qui concerne plusieurs projets miniers en Guyane. Cela pourrait permettre au Conseild’État de s’appuyer sur cet arrêt pour mettre fin au projet Montagne d’Or. Ce dernier revirement juridique marque des tensions durables entre les objectifs de protection environnementale et de développement économique pour la filière aurifère. 3.3 LUTTE CONTRE L’ORPAILLAGE ILLÉGAL À dire d’experts, l’orpaillage illégalproduirait entre 10 et 12 tonnes d’or par an, et mobiliserait une main-d’œuvre clandestine comptant jusqu’à 10000 personnes, pour un chiffre d’affaires estimé d’environ 500 à 750 M€. Les enjeux souleéspv ar cefléaucanien en Guyane relèvent à la foisdu pillage économique, de la destruction environnementale et de l’empoisonnement des populations locales. En effet, au-delà des sujets de déforestation incontrôlée, de pollution massive des sols,des fleuves et rivières, le mercure utilisé pour amalgamer l’or est un polluant dangereux qui s’accumule dans les milieux naturels. Lorsqu’il intègre les milieux aquatiques, ilest assimilé.La contamination mercurielle, à la fois d’origine naturelle et liée aux pratiques aurifères illégales, peut ainsi se concentrer le long des chaînes alimentaires aquatiques, atteignant des concentrations particulièrement importantes dans la chair des poissons carnivores. Ilen découle une contamination des populations locales dont c’est la nourriture quotidienne. L’expansion de l’orpaillage illégal, accentuée par la hausse du cours de l’or, a conduit à une diversification de l’action de l’État, qui alloue plus de 70 M€ par an pour éradiquer ce phénomène. La stratégie interministérielle de lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI) se décline en plusieurs volets : une réponse répressive, économique, diplomatique, sociale et sanitaire. Elle est portée par l’État-major de lutte contre l’orpaillage illégal et la pêche illicite (EMOPI), qui coordonne l’ensemble des services de l’État impliqués dans la LCOI. Plus de 500 militaires et gendarmes sont déployés sur le territoire, et ont mené plusieurs opérations102visant à asphyxier les sites d’orpaillage illégal et à déstabiliser durablement l’économie souterraine.Un pan judiciaire se développe également pour lutter contre l’impunité des garimpeiros. Le lancement de l’opération Harpie II en 2018 (mobilisant un total de 55 M€ pour les FAG) a modernisé la réponse répressive del’État et a permis la saisie de 4,9 kg d’or, la destruction de 4 905 carbets, 3 217 sites d’orpaillage ainsi que du matérielnécessaire aux orpailleurs tel que 65 quads, 165 pirogues, 102« Anaconda » de 2002 à 2004 et « Toucan » de 2004 à 2008. Officiellement lancée en février 2008, Harpie est une opération de grande envergure, menée par les forces de gendarmerie et les forces armées en Guyane (FAG) ayant pour objectif de réduire durablement l’orpaillage illégal. 92