2.3 L’ASSAINISSEMENT, UN SERVICE PEU EFFICIENT ET À DÉVELOPPER 2.3.1 Un service d’assainissement peu développé En 1998, le SMEAM a intégré l’assainissement collectif dans ses compétences. Il assure ainsi l’étude, la réalisation, l’exploitation et l’entretien d’ouvrages de collecte et de traitement des eaux usées domestiques ou industrielles. Depuis mai 2020, le SMEAM a délégué la gestion de l'assainissement des eaux usées à la Société Mahoraise d'Assainissement (SMAA). L’infrastructure en assainissement collectif est constituée de 32 Stations d’épurations des eaux usées (STEP), 28 étant de faibles capacités et 4 de capacités supérieures, ainsi que de mini-10 STEP11. L’ensemble de la capacité épuratoire est de 67 366 Équivalent habitant mahorais (EHm),12 soit 26,2 % de la population en 2017. Faute de raccordement suffisant, les STEP fonctionnent à moitié de leur capacité (le niveau de charge moyen de la capacité épuratoire est de 36 %). Sur une cible de 43 792 habitants potentiellement raccordables, le parc d’abonnés à l’assainissement, facturés en 2017, s’est limité à 9 818 clients. En dehors de ces raccordés, 35 % des habitations sur le territoire sont équipées de fosses septiques ou de fosses sèches, et près de 45 % ne disposeraient d’aucun moyen de traitement de leurs eaux usées. Le faible niveau d’équipement en toilettes (40 % des ménages seulement)et/ou l’absence d’un accès à l’eau potable sont deux freins au développement du raccordement des ménages au réseau de collecte des eaux usées. Par ailleurs, la charge financière que l’usager doit supporter pour se raccorder au réseau est élevée, ce qui implique un effet d’éviction des populations financièrement fragiles. Malgré le financement des 3 000 euros de travaux de raccordement par l’État et le Conseil départemental, les 300 euros de frais de dossier restant à la charge de l’abonné constituent un obstacle pour une partie dela population aux revenus modestes, auxquels s’ajoutent des contraintes foncières et réglementaires.13 Jusqu’à présent, l’assainissement individuel demeure le plus répandu à Mayotte. Par ailleurs, de manière générale, les installations autonomes ne sont pas aux normes et il n’existe pas de traitement en aval, ce qui constitue une préoccupation importante en termes de risques sanitaires et environnementaux (insalubrité publique, qualité des eaux du lagon et des cours d’eau, etc.). En parallèle, la gestion de l’assainissement non collectif, qui demeure de la compétence des 17communes, est presque inexistante en l’absence d’un service public d’assainissement non collectif. 2.3.2 Un fort enjeu de développement La Directive 2013/64/UE accorde à Mayotte un délai pour se conformer aux exigences de la Directive européenne sur les eaux urbaines résiduaires (DERU) priorisant pour 2020 l’assainissement des six agglomérations (découpage élaboré par le SMEAM) de plus de 10 000 Equivalent habitant (Eh) : Centre, Dembéni, Mamoudzou, Koungou, Petite-Terre et Tsingoni. Les autres agglomérations ont jusqu’en 2027 pour renforcer les réseaux et créer des stations de traitement des eaux usées. 10Les quatre STEP de grande capacité sont Baobab (40 000 équivalents habitants mahorais, EHm), Dembéni (10 000 EHm), Bandraboua (6 000 Ehm), et M’Rona Beja (1300 EHm). Les STEP de faible capacité sont les stations dont la capacité est inférieure à 1 000 EHm. 11Le nombre de mini-STEP est compris entre 130 et 160, le chiffre exact étant indisponible. Ces dernières sont par ailleurs à 90 % inexploitables, en raison d’un manque de raccordement au réseau existant ou d’un manque d’entretien. 12Ratio de 0,75 entre les Équivalents habitants mahorais (EHm) et les Équivalents habitants de référence (France métropolitaine). 13Environ 30 % des habitations à Mayotte ne pourront techniquement pas être raccordées aux réseaux collectifs selon un zonage d’assainissement opéré qui tient compte des habitations, des natures de sol, des surfaces individuelles disponibles et des risques identifiés. 108