Compte tenu de ce phénomène, ilapparaît difficile de mettre en place des politiques de soutien au secteur, puisque les outils à la disposition des autorités compétentes sont destinés à soutenir une activité officielle. Pour autant, le secteur agricole informel est une réalité qui, au-delà de son rôle social, participe au dynamisme de la filière. 2.2 L’ACCÈS AU FONCIER Outre les difficultés d’accès à leur parcelle, faute de voirie et de pistes agricoles exploitables par tous les temps, les agriculteurs mahorais sont confrontés à la disponibilité et la maîtrise du foncier. Historiquement régi par le droit coutumier local,le foncier mahorais relevait d’un droit d’«usus fructus » établisur la valorisation de la terre par le bénéficiaire et se fondait sur une tradition orale. Ce droit reconnaissait la propriété collective à usage familial des parcelles et reposait sur l’indivision des terres. En 1992, le cadastrage de l’île marque un premier pas dans la transition du droit coutumier au droit français. Si le cadastre couvre l’ensemble de l’île u,à ce jorlaéglruarsiation u foncier estd toujours en cours. Le processus est freiné par les problématiques d’indivision et l’attente des titres de propriété par des propriétaires coutumiers.Ainsi, 70 % du foncier est détenu par le Conseil départemental, et des problématiques d’indivision importantes peuvent concerner les 30 % restant :seuls 23 % des agriculteurs déclarent par exeme dspl i oposer d’un titre de pr priétéou d’un bail écrit. Cette absence de foncier titré pénalise les agriculteurs qui ne peuvent pas bénéficier des aides accordées dans le cadre de projets de modernisation. Les agriculteurs sont également confrontés au coût élevé du foncier et à la réglementation contraignante concernant les constructions sur parcelles agricoles (loi Littoral et PLU).Enfin, le foncier est également considéré aujourd’hui comme un investissement face à la raréfaction des terres agricoles et à l’urbanisation galopante : les propriétaires attendent le déclassement de leurs parcelles en espérant faire une plus-value à la vente .1 2.3 LA DIFFICILE PROFESSIONNALISATION DU SECTEUR Malgré une importante demande du marché local,l’agriculture mahoraise peine à se professionnaliser. Peu de chefs d’exploitation disposent d’une formaon agricole, l’agriculture étantti souvent considérée comme une occupation, et non un « métier ». En outre, la non-stabilisation2 du foncier rend les installations professionnelles difficiles et entrave l’accession aux financements publics et bancaires. Les difficults d’accès aux fié naneens bancressotliéaicmtn es àsde donnesé objectives - incapacité à apporter des garanties, difficultés à présenter des bilans comptables et financiers, justificatif des titres de propriété - qui ne leur permettent pas d’étendre et de moderniser leur exploitation. Le métier de cultivateur n’est pas encore considéré comme une activité qui peut être suffisamment rémunératrice pour l’exercer à temps plein. D’un côté, le coût du travail est élevé, le travail du sol se fait essentiellement manuellement et les exploitations agricoles sont sous-équipées (absence de systèmes d’irrigation, de machine de collecte, etc.).De plus, le modèle d’agriculture mahorais repose sur des surfaces d’exploitation relativement réduites,ce qui contraint les économies d’échelle.De l’autre côté, les prix de veentsonttirsà labaissée par la concurrence des pays voisins (Comores, Madagascar etc.) dont les coûts de production sont significativement plus faibles, car non soumis au respect des normes sociales et environnementales européennes. 1Source : SoilihiT., G. D. (2017).Conflits d'usage en outre-mer - un foncier disponible rare et sous tension (rapport d'information fait au nom de la délégation sénatoriale aux outre-mer). 2Source : Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. (2016, juin 20). Les enjeux et défis de l'agriculture à Mayotte. 78