Section 1 Aperçu général Le paysage bancaire à La Réunion s’organise autour de vingt établissements installés localement : neuf banques, six établissements de crédit spécialisés et cinq sociétés de financement. D’autres établissements interviennent dans le département, comme la Caisse des Dépôts et consignations (CDC) à travers la Banque des Territoires, l’Agence française de développement (AFD), mais aussi des sociétés spécialisées dans le crédit-bail. La crise sanitaire de 2020 a eu des conséquences sur l’activité bancaire. Le produit net bancaire des banques locales connait une nette diminution, liée notamment à une baisse des commissions en raison du recul de l’activité. Les frais généraux diminuent également, limitant ainsi la baisse du résultat brut d’exploitation. En revanche, le coût du risque, représentant essentiellement les provisions pour faire face à la montée du risque s’inscrit en hausse, creusant le résultat net. L’année 2020 fait ainsi apparaître une baisse du résultat net des cinq banques locales de -13,8 %, pour atteindre 83,1 millions d’euros. Au regard des craintes suscitées par le choc inédit de la crise Covid-19, les conséquences en 2020 sur la situation financière des banques restent modérées. Si le résultat net agrégé s’inscrit en recul sur un an, son niveau est au-dessus de 2018. Le niveau du coût du risque est notamment relativement faible : contrairement à ce que la situation exceptionnelle laissait craindre, il n’y a pas eu de forte progression des créances douteuses ou litigieuses. Au contraire, à l’instar des défaillances d’entreprises qui reculent d’un tiers en 2020, la part des créances douteuses sur le totaldes encours des établissements locaux diminue. Cette évolution reflète le soutien public apporté aux entreprises en 2020 et également celui des banques. Face aux difficultés financières des entreprises, l’accompagnement des banques a été important. Les établissements bancaires ont mis en place, lors du premier confinement, un dispositif de moratoire sur les crédits bancaires largement utilisé sur le territoire. Le dispositif de prêt garanti par l’État (PGE) a aussi été largement et rapidement déployé sur le département. Les banques ont ainsi octroyé 1,1 milliard d’euros de PGE à près de 7 000 entreprises réunionnaises. Cela se traduit par une forte hausse de l’endettement bancaire des sociétés non financières. Toutefois une partie de ces prêts réalisés à titre de précaution restent sur les comptes des entreprises et constituent un réservoir de liquidité comme en témoigne la progression d’une ampleur presque similaire des dépôts sur les comptes bancaires des entreprises. Du côté des ménages, les crédits à l’habitat ont poursuivi leur progression malgré la crise, avec une hausse de l’encours de 5,1 %, dans un contexte de coût du crédit toujours très bas. Les crédits à la consommation accusent en revanche un net ralentissement :+2,6 % en 2020 contre +8,4 % par an en moyenne de 2016 à 2019. L’épargne des ménages progresse fortement, avec près d’un milliard d’euros supplémentaires déposés sur les comptes bancaires et livrets d’épargne, dont la moitié au cours du seul deuxième trimestre 2020. En effet,la période de confinement et les restrictions de circulation ont fortement limité la consommation des ménages, impliquant une épargne « contrainte ». La circulation fiduciaire ralentit nettement en 2020 (-9 % des flux de billets à l’IEDOM), en raison notamment des restrictions de consommation lors du confinement.Par ailleurs,la crainte d’une contamination au contact des billets et l’incitation à l’usage de paiement sans contact ont pu modifier les habitudes de paiement au profit de l’usage des cartes bancaires. 129