2.3.LA PÊCHE Les TAAF administrent 2 367 400 km² de zones économiques exclusives (ZEE), soit la deuxième de France après la Polynésie française. Elles contribuent avec l’ensemble des entités d’outre-mer à placer la France en deuxième position mondiale pour son emprise maritime (après les États-Unis).L’administration des TAAF dispose de pouvoirs étendus en matière de gestion des pêches. Elle prescrit les règles techniques encadrant ces pêcheries, impose la présence à bord d’un contrôleur, définit les totaux admissibles de capture (TAC) et les quotas par navire. Trois pêcheries sont gérées directement par les TAAF : la légine et le poisson des glaces dans les ZEE de Crozet et de Kerguelen, la langouste dans la ZEE des îles Saint-Paul et Amsterdam. Enfin,la gestion de la pêche aux thonidés dans les îles Éparses est « régionalisée » par la Commission thonière de l’océan Indien (CTOI) à laquelle les TAAF participent activement, tant en matière d’autorisations que de prescriptions techniques. En 2019, le second plan de gestion de la pêcherie de la légine australe 2019-2025 a été approuvé. Il cible quatre objectifs principaux : maintenir un haut niveau de protection de la ressource,favoriser les retombées économiques dans l’océan Indien, donner une plus grande visibilité aux acteurs, et respecter les principes de transparence et de concurrence via la procédure de sélection des navires autorisés à pêcher. Un appel à candidatures, visant à sélectionner les couples navires/armateurs autorisés à accéder à la pêcherie, a été organisé pour la première fois. Sept candidatures ont été retenues : île de La Réunion II (COMATA), Île Bourbon (ARMEMENTS RÉUNIONNAIS), Mascareignes III (ARMAS PECHE), Cap Horn I (SAPMER), Albius (SAPMER), Saint- André (PÊCHE AVENIR) et Cap Kersaint (CAP BOURBON). En fonction de différents critères sociaux, économiques, réglementaires et environnementaux, les TAC ont ensuite été distribués en quotas attribués aux navires autorisés à pêcher. Tous les armateurs sont basés à La Réunion,car la réglementation spécifique des TAAF impose d’y débarquer la totalité des captures. Les TAC de légine australe sont désormais triennaux. Pour la période 2019-2022, ils s’élèvent par an, à 5 200 tonnes à Kerguelen et 800 tonnes à Crozet. C’est le TAC le plus important de tout l’océan Austral pour cette espèce. La pêche à la légine est essentiellement destinée à l’exportation, principalement vers la Chine (61,6 %), les États-Unis (19,3 %) et Singapour (6,4 %). Sur l’île de Saint-Paul, la langouste est actuellement exploitée par un seul navire, l’Austral, copropriété des armements Sapmer et Armas Pêche. Cette ressource fragile,dont le TAC est stabilisé après une forte diminution, fait l’objet d’une surveillance accrue depuis la création de la réserve naturelle. La pêche australe constitue le deuxième secteur exportateur de La Réunion et représente 570 emplois directs, indirects ou induits à La Réunion en 2017 (Insee Analyses Réunion N° 40). En dépit d’un tel encadrement de la pêche, les ressources halieutiques dans les TAAF restent en permanence menacées par l’exploitation massive et illégale. Depuis 1997, 24 navires ont été arraisonnés et condamnés. Après une pêche illégale massive à la légine dans les années 2000 dans les secteurs austraux, une pêche illégale artisanale, visant les holothuries, s’est développée dans les eaux françaises du canal du Mozambique, notamment dans le lagon de Juan de Nova. Les moyens propres des TAAF, ceux de la Marine nationale et des Affaires maritimes sont déployés pour y faire face. Dans le lagon de Juan de Nova, un dispositif de présence dissuasive permanente a été mis en place en 2017. Depuis la mise en place de ce dispositif, et suite à l’effet dissuasif des premières patrouilles, il n’est plus observé d’activité de pêche illégale dans le lagon. 27