Section 2 Les repères historiques Arrivée tardive et progressive des premiers habitants Au XV siècle,e l’île de La Réunion est déjà une escale appréciée sur les routes commerciales de l’Océan Indien, en raison de l’abondance d’eau douce qu’elle offre à proximité immédiate des rivages. L’île, qui figure sur de nombreuses cartes sous différents noms, reçoit durant plusieurs siècles la visite de navigateurs arabes, portugais, hollandais et anglais, mais demeure inhabitée jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Les Français y débarquent et en prennent possession pour la première fois en 1638, mais ce n’est qu’en 1663 qu’elle devient colonie à part entière avec l’installation de deux Français accompagnés de serviteurs malgaches. Le siècle de la Compagnie des Indes Durant un siècle et quasiment jusqu’à sa faillite, la Compagnie des Indes orientales gère directement l’île Bourbon, quilui est concédée par le Roi de France. Elle a pour mission sa mise en valeur et son développement, grâce notamment aux plantations de café. En 1665, elle y place le premier gouverneur de l’île,qui compte alors une trentaine d’habitants. Tandis que la culture du café se développe au début du XVIIIe siècle, le système de l’esclavage se met en place à partirde l’Afrique de l’Est,de l’Inde et de Madagascar. La population blanche des origines, qui avait commencé à se métisser avec ses premiers serviteurs de couleur, femmes malgaches ou indo-portugaises, devient minoritaire. En 1764, avec la faillite de la Compagnie des Indes, le roi rachète l’île Bourbon. Celle- ci compte alors 22 000 habitants, dont 18 000 esclaves. Jusu’à laq Révolution française, elle connaît une période économique faste grâce notamment à l’exportation des épices (girofle, muscade, poivre, cannelle… introduits par Pierre Poivre) ainsi que du café. En dépit de la distance qui la sépare de la France, l’île subit les contrecoups des périodes révolutionnaires et impériales et change à cette période plusieurs fois de statut et de nom. Elle passe brièvement sous domination anglaise de 1810 à 1815 avant d’être rendue à la France. L’essor de la canne à sucre Au début du XIX siècle,e les plantations de café - dont l’intérêt économique déclinait - sont détruites par des catastrophes naturelles, et le développement de l’île s’appuie alors sur la culture de la canne à sucre. La France achète à prix d’or les pains de sucre moulés dans des dizaines d’usines attenantes aux propriétés coloniales. Les grands domaines s’étendent, les cirques se peuplent. Cependant, l’île ne peut déjà plus subvenir à ses besoins alimentaires de manière autonome. L’ère post-esclavagisme L’abolition de l’esclavage à La Réunion est proclamée le 20 décembre 1848. L’île reprend sonnom actuel la même année. Elle compte alors 103 000 habitants, dont 60 000 esclaves. Rendus libres, ceux-ci choisissent soit de se chercher une terre à défricher dans les « hauts » de l’île, soitde rester auprès de leurs anciens maîtres. Durant le siècle qui suit, La Réunion demeure une colonie française et le système économique et social se réorganise 19