La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte fixe des objectifs en matière d’économie d’énergie et de développement des énergies renouvelables. Deux1 objectifs particuliers sont donnés pour les zones insulaires non interconnectées, dont La Réunion2 fait partie : produire la moitié de l’électricité consommée à partir d’un mix d’énergies renouvelables dès 2020 et atteindre l’autonomie énergétique en 2030. En 2020, 31 % de l’électricité provient des énergies renouvelables. Dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), adoptée fin 2020, la Région estime pouvoir passer à 99 % d’énergie renouvelable en 2023. Cette transformation nécessite de remplacer les énergies fossiles par de la biomasse dans les trois principales centrales du département.3 Les deux installations thermiques Albioma de Bois Rouge et du Gol sont déjà partiellement converties et produisent de l’énergie à partir de la bagasse (l’essentiel de leur production repose encore néanmoins sur le charbon). La filiale EDF PEI prévoit également au cours des prochaines années de remplacer le fioul lourd dans la centrale de Port Est par de la biomasse liquide importée. L’énergie photovoltaïque reste également un axe de développement important.Dans ce cadre, la Région Réunion a mis en place le dispositif « E.Co.Solidaire » pour apporter une aide financière aux familles réunionnaises souhaitant équiper leur logement d’un chauffe-eau solaire et les « Chèques Photovoltaïques » pour subventionner l’installation de centrales photovoltaïques (avec ou sans système de stockage) par les particuliers ou les agriculteurs éligibles. La Réunion recèle par ailleurs un fort potentiel en énergie marine, avec plusieurs projets d’expérimentation et de mises en production en cours ou à venir.Les efforts des acteurs et des décideurs se concentrent sur la climatisation marine et l’énergie thermique des mers (ETM). Deux projets de climatisation marine, plus connue sous le nom de SWAC (sea water air conditioning), par l’utilisation de l’eau froide des fonds marins pour climatiser des bâtiments, sont en cours : un premier, le plus avancé, au Centre hospitalier universitaire de Saint-Pierre et un second à l’aéroport Roland Garos à Sainte-Marie. Par ailleurs, le projet de création d’un pôle industriel à Bois-Rouge prévoit la réalisation d’un ETM à terre alimenté par les chaleurs de l’usine sucrière et de la centrale thermique. La production d’électricité à partir de déchets est aussi une source potentielle d’énergie d’origine locale pouvant fonctionner en continu. Elle représente un enjeu faible quantitativement en termes de production d’électricité, mais elle peut se substituer au charbon et contribue à l’autonomie énergétique contrairement à la biomasse importée. La transition énergétique passe également par la maitrise de la consommation. En 2020, dans le cadre du plan France Relance, La Réunion a perçu 11 millions d’euros pour financer la rénovation thermique des bâtiments publics. Une seconde enveloppe de 39,6 millions d’euros supplémentaires a également été versée pour lancer 53 projets. Le Sidelec (Syndicat intercommunal d’électricité de La Réunion) s’engage par ailleurs sur un plan d’investissement de 120 millions d’euros sur 2020-2026, visant notamment à poursuivre le développement et la sécurisation d’un réseau électrique décarboné et à accompagner la mobilité durable (réalisation d’infrastructures de recharges pour véhicules électriques). 1Le photovoltaïque (PVCR), l’éolien, la biomasse, l’hydraulique et la bagasse. 2Désigne les territoires français dont l’éloignement géographique empêche ou limite une connexion au réseau électrique continental. 3La biomasse comprend tous les éléments biodégradables du vivant. Cet ensemble des matières organiques d’origine végétale (algues incluses),animale ou fongique peut devenir source d’énergie par combustion directe ou après méthanisation ou gazéification (bagasse, bois, ordures ménagères, effluents). 93