Sur l’année 2020, la crise du coronavirus a eu un impact très différent des précédentes crises financières.Elle se traduit par une distribution importante de crédits bancaires par le système bancaire local,avec une garantie de remboursement par l’État. Cela a en parallèle gonflé les liquidités disponibles des entreprises réunionnaises (voir section IV.4.1). Les prêteurs institutionnels (comme l’Agence française de développement – AFD, la Caisse des Dépôts et consignations - CDC et dans une moindre mesure DEXIA) qui financent plus particulièrement des marchés publics, des collectivités locales et des sociétés d’économie mixte, ont vu leur poids relatif diminuer pendant cette première partie de cette crise sanitaire et économique. Pour mémoire, ces établissements avaient joué un rôle important dans la dynamique de croissance des encours de crédits totaux à l’économie réunionnaise après la crise financière de 2007-2009. Leur part avait notamment fortement progressé, passant de 18 % en 2008 à plus de 27 % à partir de 2016, jouant un rôle contracyclique.1 2.1.1. Part des créances douteuses dans l’ensemble des concours Malgré le ralentissement économique et la baisse d’activité enregistrée par de nombreuses entreprises réunionnaises en 2020, le système bancaire n’enregistre pas de montée du risque de crédit de la part de sa clientèle. L’année 2020 se conclut même sur une diminution de -4,9 % des encours de créances douteuses brutes. Part des créances douteuses dans l'ensemble des concours (toutes zones) (millions d'euros) 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2018 2019 2020 Créances douteuses brutes 162 455 484 534 1 115 955 920 960 913 Variation annuelle 37,2%8,1%-2,6%-0,3%12,0%-5,0% 7,0% 4,3% -4,9% Taux de provisionnement 47,9%62,1%61,4%65,2%55,1%53,4%44,0%41,1%39,5% En % des concours bruts 3,5% 7,0% 5,6% 4,3% 6,3% 4,7% 3,9% 3,9% 3,4% Décomposition par agent économique des créances douteuses nettes (toutes zones) Entreprises 74,4%67,0%59,7%77,6%73,5%73,3%75,7%77,1% Ménages 22,9%28,2%34,2%21,1%26,0%22,4%20,5%20,9% Source : IEDOM Iln’y a ainsi pas pour l’instant de croissance du risque de crédit observé au niveau du système bancaire réunionnais, ni de croissance du taux de provisionnement de l’activité de crédit. Celui-cidiminue ainside 1,6 point entre 2019 et 2020 pour s’établir à 39,5 % à fin décembre 2020. Les craintes d’une montée du risque de défaillance des entreprises au cours des prochaines années sont toutefois encore fortes, notamment quand prendront fin les mesures de soutien public. Les établissements bancaires ont ainsi accru leurs provisions générales pour faire face à ces anticipations de défaillance, mais d’une manière moins massive qu’anticipée au début de la crise pandémique. Par ailleurs, ilfaut noter que ces dernières années avaient enregistré une stabilisation du risque de crédit et du poids des créances douteuses brutes au sein de l’ensemble des financements consentis aux agents économiques. À la différence de la crise financière des années 2007-2009, le système bancaire et financier réunionnais aborde cette crise pandémique dans une situation favorable, en ayant achevé l’assainissement des portefeuilles de créances douteuses des établissements financiers démarrés en 2011-2012 après la forte hausse 1Ce poids des prêteurs institutionnels avait déjà été plus élevé à La Réunion au milieu des années 1990, avant de diminuer concomitamment à l’envolée de l’offre de créditsen 2001,Ainsi,leurs encoursdes banques (entre 1995 et 2005). représentaient déjà 27 % des encours de crédits totaux. 192